Dur, dur pour les avocats en fusions et acquisitions, dont l'activité est au ralenti. Mais certains cabinets s'en tirent mieux que d'autres...

Quand on se compare, on se console. Cette expression bien connue mais un peu triste n'a jamais été aussi vraie qu'en ce moment pour les avocats canadiens en fusions et acquisitions. Alors que les transactions à l'échelle du globe sont en chute libre - une baisse de 30% au premier trimestre de 2009 -, plusieurs cabinets d'avocats pancanadiens ont tout de même réussi à se démarquer... en comparaison avec leurs concurrents internationaux.

 

Deux d'entre eux se sont même hissés dans les 20 premiers au monde, selon le classement de la firme de recherche Mergermarket qui vient tout juste d'être publié. Il s'agit de Stikeman Elliott et de Blake, Cassels&Graydon (Blakes). En ces temps de déprime et de baisse généralisée des prix des ressources et matières premières - la force exportatrice canadienne - c'est un quasi-exploit.

Ayant participé à des transactions internationales totalisant 66,4 milliards US, Stikeman prend le premier rang canadien et le 12e mondial, un bond de 23 places par rapport à l'an dernier alors que le cabinet avait pris la 35e position. Stikeman devance cette année des gros noms, notamment le britannique Linklaters, troisième mondial au premier trimestre de 2008, qui glisse à la 18e position cette année.

Pas étonnant que beaucoup d'avocats londoniens aient récemment perdu leur job...

Au cours des trois premiers mois de l'année, les avocats de Stikeman ont pris part à 12 transactions internationales, mais une particulièrement a fait la différence, alors que les avocats de ce cabinet ont représenté la pharma Wyeth lors de son acquisition annoncée par sa rivale Pfizer, une transaction évaluée à 64 milliards US.

Tout juste derrière Stikeman, deuxième au Canada et 13e au monde, on retrouve Blakes, 24e l'an dernier à la même période. Les avocats de cette firme ont pris part à 16 transactions internationales annoncées pour une valeur totale de 66, 2 milliards US.

Deux transactions ont particulièrement retenu l'attention. Au début de mars, Blakes a d'abord représenté la belge Schering-Plough Corporation, acquise par Merck&Co Inc. pour un montant de 43,2 milliards US. Puis, quelques semaines plus tard, les avocats de Blakes étaient du côté de Suncor Energy lors de son acquisition de Petro-Canada, une bouchée de 18, 4 milliards US.

C'est ce qu'on appelle un mois de boulot bien rempli.

Le champion mondial de ce premier trimestre est américain. Il s'appelle Skadden, Arps Slate Meagher&Florn et a participé à 28 transactions d'une valeur de 169 milliards US. Il devance ses compatriotes new-yorkais Wachtell, Lipton, Rosen&Katz (124,9 milliards US) et Sullivan&Cromwell (107,9 milliards US). Skadden a également pris part à la plus importante transaction du trimestre, Pfizer-Wyeth, représentant l'acquéreur.

Signe que les temps sont durs, l'an dernier, à pareille date, le cabinet qui trônait au premier rang mondial avait réalisé 17 transactions pour une valeur de 319 milliards US, presque le double de ce que réalise Skadden ce trimestre. Quel était ce cabinet? Le canadien McCarthy Tétrault. Cette année, McCarthy Tétrault de même que Davies Ward Phillips&Vineberg, 10e l'an dernier, sont out du «Top 20» mondial, du moins pour le moment.

Au Canada, c'est Blakes

Au Canada, bizarrement, la valeur des plus grosses transactions annoncées est plus élevée que celles de l'an dernier pour la même période, gracieuseté de la transaction Suncor-Petro-Canada, qui vient un peu chambarder les données. Mais une chose n'a pas changé: comme en 2008, Blakes trône toujours en tête du classement. De janvier à mars 2009, ce cabinet a participé à 14 transactions impliquant des entreprises canadiennes, pour une valeur totale de 23 milliards US. En 2008, pour la même période, Blakes avait participé à 13 transactions d'une valeur totale de «seulement» 6,4 milliards US.

Preuve que les cabinets d'avocats ont eux aussi embarqué dans le train de la mondialisation, c'est un cabinet américain qui prend la deuxième place pour sa participation impliquant des entreprises canadiennes. Avec quatre transactions d'une valeur de 22,1 milliards US, Shearman&Sterling coiffe le torontois Tory's, troisième avec cinq transactions d'une valeur de 20,4 milliards US.

McCarthy Tétrault (cinquième), Osler (septième), Stikeman (12e) et, surprise! Heenan Blaikie (14e) sont les seuls autres cabinets pancanadiens à se hisser dans les 15 premiers de cette liste.

 

Classement mondial des cabinets d'avocats pour les fusions et acquisitions (transactions annoncées) internationales

1er TRIMESTRE DE 2009

RANG NOM DU CABINET / VALEUR (MILLIARDS US)

1 Skadden Arps Slate Meagher&Flom /169,01

2 Wachtell, Lipton, Rosen&Katz /124,94

3 Sullivan&Cromwell /107,98

4 Davis Polk&Wardwell /95,36

5 Freshfi elds Bruckhaus Deringer /93,35

6 Cliff ord Chance /87,40

7 Simpson Thacher&Bartlett /84,03

8 Shearman&Sterling /80,33

9 Latham&Watkins /72,33

10 Dewey&LeBoeuf /70,31

11 Paul Weiss Rifkind Wharton&Garrison /67,66

12 Stikeman Elliott* /66,41

13 Blake, Cassels&Graydon* /66,20

14 Debevoise&Plimpton/ 65,08

15 Cravath Swaine&Moore/ 64,05

16 Cadwalader, Wickersham&Taft /64,02

17 Cleary Gottlieb Steen&Hamilton 60,89

18 Linklaters /59,94

19 Fried Frank Harris Shriver&Jacobson /55,32

20 Wilson Sonsini Goodrich&Rosati/ 48,91

Source : Mergermarket * Cabinet canadien