Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils financiers. Ce septième texte d'une série de 12 porte sur les fonds communs. La semaine prochaine, on abordera les revenus fixes.

Démocratiser les marchés financiers. Voilà l'idée derrière la création des fonds communs de placement.

La proposition est alléchante! Pour aussi peu que 500$, vous pouvez investir dans les actions, les obligations ou les Bons du Trésor, diversifier votre portefeuille et profiter du savoir-faire des gestionnaires professionnels.

L'idée a plu aux Canadiens, si bien qu'aujourd'hui cette industrie compte quelques milliers de fonds et gère 500 milliards de dollars.

Mais, malgré ce succès, il ne faut pas s'y aventurer à l'aveuglette.

«Avant de vous laisser étourdir par tout ce qui est offert, concentrez-vous d'abord sur vous», conseille Hélène Bronsard, vice-présidente chez Raymond Chabot Gestion Privée.

Se concentrer sur soi signifie «déterminer vos objectifs de placement». Qu'allez-vous faire avec cet argent? Économisez-vous pour des besoins à court, moyen ou long terme?

En général, songez aux actions - plus risquées - seulement si vous n'avez pas l'intention de toucher à cet argent pendant au moins sept ans.

Pour des périodes plus courtes, mieux vaut acheter des fonds obligataires, pour avoir des revenus et la tranquillité d'esprit. Pour une plus grande sécurité, optez pour des fonds monétaires.

Toutefois, si vous placez à long terme et souhaitez investir à la Bourse, où les possibilités de rendement sont meilleures, vous devrez dans un premier temps évaluer le risque que vous êtes prêt à prendre.

«Comme nous venons de traverser un krach boursier, il est plus facile de comprendre les risques encourus», pense Christian Charest, éditeur adjoint chez Morningstar Canada.

Plus vous aimez le risque, plus vous investirez dans les fonds d'actions et diminuerez du coup le poids des obligations et du marché monétaire en portefeuille.

Cela dit, si vous avez moins de 5000$ à placer, vous aurez avantage à investir dans des formules clés en main, contenant des actions, des obligations et des liquidités, tel les fonds équilibrés, les fonds de répartition d'actif, les fonds diversifiés et les portefeuilles modèles.

«À partir de 5000$, vous pourrez construire votre propre portefeuille en utilisant des fonds indiciels, pour payer moins de frais», dit Hélène Bronsard.

À la limite, vous pourriez acheter simplement un fonds indiciel d'actions et un autre d'obligations.

En sélectionnant les fonds, vous devrez évidemment mettre l'emphase sur la qualité. Ainsi, vous devrez comparer les fonds que vous avez à l'oeil à leurs pairs, c'est-à-dire aux fonds de même catégorie.

Mais, surtout, évitez de confondre performance et qualité.

«Le rendement est un élément très important mais ce n'est pas la seule chose à regarder, dit M. Charest. Il faut comprendre à quoi il est dû. Est-ce seulement de la chance? Si oui, ce résultat ne se répétera pas dans l'avenir.»

«Pour contourner ce problème, analysez le rendement à plus long terme, soit au moins 5 ans, afin de vous assurer que le gestionnaire a véritablement du talent», ajoute-t-il.

Mettez aussi ce rendement en perspective en tenant compte du risque que prend le gestionnaire. «Cherchez à faire le meilleur rendement possible avec le moins de risque possible», conseille Hélène Bronsard.

Toutefois, si vos placements ne bénéficient d'aucune protection fiscale (REER, REEE), votre attention devra porter sur le rendement après impôt.

«C'est que les fonds versent des distributions pouvant contenir des revenus d'intérêt, des dividendes et du gain en capital, dit Louis-Simon Duval, de la Banque Nationale. Or, les revenus d'intérêt sont plus taxés que les dividendes, eux-mêmes plus taxés que le gain en capital.»

Finalement, portez une attention particulière aux frais de gestion, frais d'entrée et frais de sortie. «Car moins il y aura de frais, plus vous serez avantagé, explique Christian Charest. C'est que le rendement du fonds est calculé en soustrayant les frais de la performance du portefeuille. Si les frais annuels sont de 2% et que vous visez un rendement de 8%, le gestionnaire devra obtenir 10%.»