Mark* connaît d'avance son sort. Le 1er mai prochain, son poste d'analyste financier chez le détaillant Macy's sera aboli. Un emploi qu'il occupe depuis septembre à peine, et qu'il a regretté d'avoir accepté dès le départ.

«J'ai vite su que j'avais fait une erreur, raconte l'homme de 31 ans. Trois jours après mon arrivée, la banque Lehman Brothers est tombée, et j'ai senti que Macy's allait vraiment souffrir par la suite. Ce qui s'est avéré.»

Macy's a annoncé en janvier la fermeture de 11 magasins, en plus d'abolir plusieurs postes administratifs comme celui de Mark. L'ambiance est glaciale dans son département, dit-il. «C'est déprimant. Les gens passent leur temps à chercher des emplois en ligne, plus personne ne travaille.»

Le diplômé de l'Université d'Alberta, installé à New York depuis 10 ans, admet avoir subi tout un choc en apprenant son congédiement. «Au début, j'ai paniqué, j'ai été incapable de manger ou de boire pendant une semaine. Maintenant, je me suis fait à l'idée.»

Il n'a toujours pas trouvé le courage d'annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents, «de peur de les décevoir». «C'est déprimant et humiliant, je n'ai jamais été licencié de ma vie. Le pire, ce n'est pas de perdre son travail, c'est qu'il n'y a plus aucun job pour ceux qui sont licenciés. Plus personne n'embauche en finances.»

Quand nous l'avons rencontré, Mark contemplait l'idée de travailler comme comptable au noir. Heureusement pour lui, il a réussi à dégoter un nouvel emploi dans le secteur public, quelques jours après notre entretien. Il s'estime extrêmement chanceux.

En prévision de la perte de son emploi chez Macy's, le trentenaire a néanmoins modifié de fond en comble ses habitudes de vie au cours des derniers mois. Il a coupé les restos, les sorties avec sa copine et achète la plupart des choses dont il a besoin en solde. «Et je magasinais pour acheter un condo, ce qui est complètement exclu maintenant.»

*Nom fictif