Nous avons demandé à deux gestionnaires de portefeuille de nous faire des recommandations pour un horizon de placement de trois à cinq ans. L'un d'eux nous a recommandé des obligations d'entreprises, l'autre, des actions.

Selon le gestionnaire de portefeuille Hugues Dubeau, de Dubeau Capital, les obligations de grandes entreprises offrent de bons rendements par les temps qui courent.

 

«Elles constituent un placement relativement sécuritaire, offrant une bonne protection du capital», rappelle-t-il.

Actuellement, le marché est tel que les investisseurs misent sur des titres très sûrs, comme les obligations du Canada ou des États-Unis. Ces titres offrent toutefois de pauvres rendements.

Le phénomène fait en sorte que dès qu'on augmente légèrement le niveau de risque, avec des obligations d'entreprises solides, le rendement s'accroît rapidement. «Les investisseurs ont peur, mais cette peur est déraisonnable», dit-il.

Hugues Dubeau recommande notamment les obligations qui échoient le 24 juillet 2012 de General Electric Capital Canada, dont la cote de crédit est de AAA. Celui qui a acheté de tels titres à la fin janvier obtiendra un rendement de 5,5% s'il les conserve jusqu'à l'échéance. C'est 3,7 points de pourcentage de plus que le rendement des obligations du Canada de mêmes échéances.

De son chapeau, Hugues Dubeau sort également les obligations de Trans Canada Pipelines, de Thomson Reuters et de Bell Canada.

Dans le cas de Bell, les obligations qui échoient en 2017 ne sont côté que BB". Cependant, il faut s'attendre à ce que la cote remonte à A avant longtemps, croit M. Dubeau, soit le niveau d'avant la transaction avortée. Cette transaction par endettement avait pour effet d'accroître le risque des titres de dettes comme les obligations et d'abaisser leur valeur, d'où leur cote réduite.

Les obligations d'entreprises ont l'avantage d'être liquides. Elles procurent, en plus, le rendement espéré si l'investisseur les conserve jusqu'à l'échéance. Évidemment, encore faut-il que l'entreprise ne tombe pas en difficultés avant l'échéance, d'où l'importance de la cote de crédit.

De son côté, le gestionnaire Alain Chung, de Claret, suggère d'acheter des actions d'entreprises québécoises bien gérées, comme Reitmans ou Dorel.

Reitmans est un détaillant de vêtements qui exploite notamment les boutiques R&W, Pennington et Reitmans. L'entreprise a des ventes annuelles d'environ 1 milliard, n'a pas de dette, verse un dividende équivalant à plus de 6% de rendement et ses profits lui ont permis de mettre 250 millions de dollars en banque.

«Dans le secteur du détail, la récession va provoquer des faillites et les entreprises solides vont gagner des parts de marché. Et même si les profits baissent et l'action recule, Reitmans est bien gérée et l'entreprise est assise sur une montagne de cash», fait valoir Alain Chung.

Pour faire une juste évaluation de l'entreprise, Alain Chung a soustrait cette montagne d'argent de la capitalisation boursière de l'entreprise. Résultat: le titre se négocie à l'équivalent de six fois le bénéfice par action, «le niveau le plus bas que je n'ai jamais vu».

Le gestionnaire aime bien aussi les Industries Dorel. L'entreprise produit des meubles prêts à assembler, des produits pour enfants et des bicyclettes haut de gamme. Selon M. Chung, certains n'aiment pas cette entreprise parce qu'elle est trop diversifiée ou parce qu'il y a toujours une des trois divisions qui tire le diable par la queue. Le gestionnaire y voit plutôt une force: la diversification leur permettra de passer à travers la récession.

«Il s'agit d'une des entreprises les mieux gérées au Québec. Elle n'a jamais perdu d'argent», dit M. Chung.

Dorel croît surtout par acquisition, de façon séquentielle. À chaque acquisition d'importance, sa dette croît de façon importante, mais la famille Schwartz, qui contrôle l'entreprise, la fait dégonfler progressivement jusqu'à la prochaine acquisition.

Actuellement, sa dette est plutôt élevée, à 450 millions US, dit M. Chung. Elle était de 192 millions US en décembre 2007. Au cours des quatre derniers trimestres, Dorel a fait 114 millions US de profits.

Pour le portefeuille REER, Alain Chung recommande également l'entreprise Gaz Métropolitain. Le distributeur gazier offre une distribution équivalant actuellement à plus de 8% de rendement au cours actuel de l'action (14,88$ le 29 janvier), ce qui n'est pas à dédaigner.

Certes, l'entreprise est plutôt endettée, mais ses clients sont captifs et la distribution est sûre.

Évidemment, l'économie est incertaine par les temps qui courent, et quiconque investit en Bourse prend des risques. Pour sa part, Alain Chung ne s'en fait pas outre mesure. En 1929, un investisseur qui aurait placé 1000$ par mois à la Bourse aurait obtenu un rendement de 13% cinq ans plus tard, a calculé M. Chung.

Et la crise actuelle ne ressemble pas à celle de l'époque, soutient-il. Un an après le krach boursier, le taux de chômage avait pratiquement doublé, dit-il, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. «La dernière fois que je suis allé chez Starbucks, il y avait une file d'attente pour acheter des cafés à 7$ l'unité. La situation ne se compare pas aux années 30», dit-il.

 

HUGUES DUBEAU

Dubeau Capital

Obligations d'entreprises

General Electric Capital Canada

Échéance : 24 juillet 2012

Cote de crédit: AAA

Prix au 29 janvier : 102,32$

Rendement à l'échéance : 5,51%

TransCanada Pipelines

Échéance : 15 janvier 2014

Cote de crédit: APrix

au 29 janvier : 102,60$

Rendement: 5,05%

Thomson Reuters

Échéance : 15 juillet 2015

Cote de crédit: APrix

au 29 janvier : 99,30$

Rendement à l'échéance : 5,84%

Bell Canada

Échéance : 15 février 2017

Cote de crédit: BB"

Prix au 29 janvier : 90,53$

Rendement à l'échéance : 6,53%

ALAIN CHUNG

Claret

Actions

Reitmans

Chiffre d'affaires : 1,1 milliard

BPA sur 12 mois : 1,61 $

Prix au 29 janvier : 10,56$

Rendement du dividende : 6,3%

Avantage: encaisse de

250 millions

Inconvénients : récession

Industries Dorel

Chiffre d'affaires : 2,1 milliards US

BPA sur 12 mois : 3,48$

Prix au 29 janvier : 22,05$

Avantage: diversifié

Inconvénient : dette de

450 millions US

Gaz Métropolitain

Chiffre d'affaires : 2,2 milliards

BPA sur 12 mois : 1,28$

Prix au 29 janvier : 14,88$

Rendement de la part : 8,2%

Avantage: clientèle captive

Inconvénient : croissance limitée