À moins que votre situation personnelle ou professionnelle se soit modifiée au cours de la dernière année, la meilleure stratégie face à l'épargne retraite reste de garder le cap sur vos objectifs et de vous en tenir à votre stratégie de placement bien structurée.

Dans une perspective à long terme, malgré les épreuves de 2008 et l'incertitude qui devrait subsister pour une bonne partie de 2009, si votre planification de retraite était bonne il y a un an, il y a de fortes chances pour qu'elle le soit encore aujourd'hui.

 

C'est l'avis d'Éric Brassard et Miguel Yargeau, respectivement planificateur financier et conseiller en placement au cabinet de services financiers intégrés Brassard Goulet Yargeau.

En pleine période de turbulence, dont on ne peut d'ailleurs pas prédire la fin, il faut d'abord éviter de subir, au pire moment, les conséquences d'émotions négatives souvent entretenues par les médias, disent-ils en entrevue.

Dans leur hiérarchie des mauvaises attitudes à craindre au cours de la présente période des REER, la pire serait de ne pas cotiser par pure indécision.

La seconde pourrait être de se concentrer sur ce qui semble à la mode ou au goût du jour, disent les deux spécialistes.

Ce n'est pas parce qu'un fonds d'obligations gouvernementales a eu le meilleur rendement en 2008 qu'il faut oublier que les périodes de baisse des titres boursiers sont généralement suivies de rendements élevés dans les mois qui suivent le creux.

La double question reste évidemment de savoir quand et à quel niveau les indices boursiers toucheront ce seuil.

La situation actuelle peut même vouloir dire que, pour vous en tenir à une allocation d'actif conforme à votre profil d'investisseur, vous pourriez à la limite devoir placer la totalité de votre cotisation REER de cette année en actions.

L'exemple décrit dans le tableau ci-contre illustre comment cette hypothèse peut s'appliquer. Le 1er février 2008, un portefeuille valant 100 000$ était investi à 60% en actions de diverses catégories et à 40% en titres à revenu fixe, conformément à l'horizon de placement et à la tolérance au risque de son détenteur qui ne l'a pas modifié depuis. Il est à l'âge d'accumuler son épargne retraite et il cotise annuellement 10 000$ à son REER.

Pendant les 12 mois qui ont suivi, son capital a perdu 20% de sa valeur et ne vaut plus aujourd'hui que 80 000$. Mais cette baisse a modifié la répartition de la valeur entre les catégories d'actif qui est maintenant 55% en actions et 45% en obligations.

Pour revenir à la composition 60/40 il faudra donc verser la totalité des 10 000$ de cette année du côté des actions.

À la retraite

Pour ceux qui sont à l'âge de la retraite ou sur le point de l'atteindre, il est sage, dit Éric Brassard, de conserver en liquidités les sommes nécessaires pour couvrir les besoins de décaissements des deux ou trois prochaines années.

L'idée est d'éviter d'être obligé de vendre au mauvais moment des titres à revenu variable (actions), ce qui concrétiserait une perte réelle.

Mais une stratégie de placement doit résulter d'une évaluation sérieuse des besoins financiers à la retraite. La planification de la retraite commence par un «travail de bras» pour évaluer de façon réaliste les dépenses actuelles d'un futur retraité et ses besoins financiers et ses ressources au moment où il quittera le travail.

Là-dessus, Éric Brassard ne croit pas aux recettes toutes faites. Il n'a jamais rencontré un client dont la situation correspond à la «moyenne» illustrée par les statistiques.

Même l'objectif d'atteindre à la retraite un revenu représentant 70% du revenu pendant la vie active est contestable à son avis. Certains, dit-il, épargnent trop ou s'exposent à un risque de placement inutilement élevé pour atteindre un revenu mal estimé par rapport à ce qui est vraiment nécessaire.

Au chapitre des placements, «diversifiez», insiste Miguel Yargeau, en parlant d'abord des actions à répartir par zones géographiques (économies développées ou émergentes), par secteurs d'activités et par types de sociétés (à grande ou à petite capitalisation).

Mais il faut aussi diversifier les titres à revenus fixes en ajoutant au besoin aux obligations gouvernementales (où les écarts de rendement se sont élargis) des obligations corporatives de haute qualité (fournissant un écart substantiel). Ou encore des obligations à haut rendement (où, pour un risque de crédit plus élevé, on peut trouver des opportunités).

Dans certains cas, disent les deux planificateurs, surtout à l'approche de la retraite, il peut être nécessaire de revoir ses objectifs en reportant par exemple la date de la retraite ou en augmentant l'épargne.

Mais il faut le faire de façon rationnelle car, «dans le flou, on s'expose davantage aux émotions».

 

Équilibrer un portefeuille 60% actions / 40% obligations

(Perte de 20%) / Cotisation de 10 000$

31 janvier 2008 / 31 janvier 2009 / 2 février 2009

Valeur / 100 000$ / 80 000$ / 90 000$

Actions / 60 000$ / 44 000$ (55%) / 54 000$ (60%)

Obligations / 40 000$ / 36 000$ (45%) / 36 000$ (40%)

Source : Brassard Goulet Yargeau