Avec la crise qui secoue les États-Unis et menace de s'étendre, Transat risque-t-elle de vivre des moments pénibles dans la prochaine année?

«Pour l'instant, les réservations sont bonnes, dit son président Jean-Marc Eustache. J'ai toujours dit à mes actionnaires que les vacances et le tourisme, c'est résilient.» La crise de 2001 en est le meilleur exemple. «Après le 11 septembre, les gens croyaient que le tourisme, c'était fini, dit-il. Mais six mois plus tard, le tourisme était revenu, plus fort que jamais.»

Les problèmes économiques à venir n'empêcheront pas tout le monde de voyager, croit le président. Les clients achèteront des voyages moins chers, ils prendront des hôtels trois étoiles au lieu de quatre, mais ils continueront de voyager.

«Ce sera une année difficile parce que le carburant est plus cher que l'an dernier et que le dollar canadien a baissé, ajoute le président. Mais les ventes sont bonnes, contrairement à ce que l'on pourrait penser.»

Pour aider sa compagnie à traverser ces horizons plus sombres, le président entend mettre la pédale douce sur les projets d'acquisitions aux États-Unis qu'il caressait.

«Soyons clairs. S'il y a une acquisition intéressante on va la regarder en détail, mais dans une période comme celle-ci il faut être prudent. C'est important pour moi d'amener le bateau à bon port dans la tempête», conclut Jean-Marc Eustache.

L'aide du Fonds

Quand les tours jumelles se sont effondrées à New York en 2001, l'industrie aérienne en a pris pour son rhume. Jean-Marc Eustache a fait appel au Fonds de solidarité pour passer à travers cette période sombre.

«Toutes les banques ont retiré leurs marges de crédit, se souvient-il. Je voyais l'argent fondre. Nous avions mis des employés à pied et des avions restaient à terre. J'ai demandé au Fonds une débenture convertible. Ils ont mis 10 millions, la Caisse de dépôt aussi. Ils nous ont montré qu'ils croyaient en la compagnie.»

Mais le Fonds n'en était pas à sa première participation à Transat.

Déjà, au début des années 90, il en devenait actionnaire. Il en demeure le plus gros, avec un peu plus de 10%. Pour le meilleur et pour le pire, dans une industrie sujette aux crises ponctuelles provoquées par l'actualité mondiale.

«Il y a eu le krach de 1987, la guerre du Golfe, les attentats de 1995 à Paris, ceux de 2001 à New York, le SRAS, l'effondrement de la bulle techno, se remémore le président. Mais le Fonds, c'est un investisseur à long terme. Ils ne sont pas en train de nous appeler aux trois mois pour nous demander nos résultats.»