Le Fonds de solidarité FTQ aura de nombreux défis à relever au cours des prochaines années. Yvon Bolduc, PDG du Fonds de solidarité, et Michel Arsenault, président de la FTQ et du conseil d'administration du Fonds, nous en parlent.

Soutenir les entreprises en temps de crise «On a un défi à court terme de soutenir les entreprises dans une période où le crédit va être plus difficile, dit Yvon Bolduc. Notre rôle sera d'être présent, et d'aider celles qui auront plus de difficulté à trouver du financement.»

Pour 2008-2009, le Fonds a prévu une enveloppe spéciale d'une quarantaine de millions pour la récession. Jusqu'à maintenant, elle a été utilisée environ au quart.

Par ailleurs, M. Bolduc indique que le Fonds n'a pas d'endettement et ne détient pratiquement pas d'actifs toxiques comme le papier commercial.

«La première chose qu'une institution financière peut faire pour aider les entreprises à traverser une crise, c'est d'être elle-même solide, et nous le sommes. On est prêts à jouer notre rôle et à faire face aux intempéries», dit-il.

Depuis que l'économie montre des signes de faiblesses, le Fonds transmet un message de prévoyance aux compagnies dont il est partenaire.

«Nous leur disons: examinez votre carnet de commandes, vos comptes client, et assurez-vous d'avoir un fond de roulement qui va vous permettre de passer au travers. Gérez votre bilan de façon prudente», ajoute le PDG.

En même temps, M. Bolduc croit que des opportunités sortiront de la crise.

Pour certaines entreprises, ce sera l'occasion de faire des acquisitions chez des concurrents plus mal en point. «Nous sommes là pour aider une entreprise qui serait en difficulté, mais aussi, pour aider celles qui voient des occasions intéressantes.»

Appuyer des secteurs clés

«Au Québec, tout le secteur financier doit continuer à être supporté, dit Yvon Bolduc. C'est un moment qui n'est pas facile pour les services financiers, mais on sait qu'on a beaucoup de talent au Québec. Si on veut le garder, il faut s'organiser pour que les institutions financières québécoises soient capables de progresser.»

C'est une des raisons pour lesquelles le Fonds a investi 30 millions de dollars, en novembre dernier, pour acheter une participation de 25% dans Montrusco Bolton, une firme de gestion de portefeuille.

Cette transaction a permis de rapatrier à Montréal le contrôle de l'entreprise. Depuis 2005, elle était contrôlée par la firme de Boston Affiliated Managers Group.

Au cours des prochaines années, le Fonds continuera aussi d'accorder son attention à l'aéronautique, et les nouvelles technologies.

Garder les entreprises d'ici entre les mains de Québécois

«Rien ne nous attriste plus que de voir des fleurons québécois s'en aller dans les mains d'étrangers, dit Michel Arsenault. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Il y a beaucoup plus de chances de maintenir et de créer des emplois ici quand l'entreprise appartient à des Québécois que si elle appartient à des intérêts étrangers.»

Mais pour y arriver, il faut s'organiser. «Quand les Américains viennent sur notre territoire, ils sont organisés, dit Yvon Bolduc. Ils arrivent avec de bons prix, des structures bien organisées et un plan d'action. Si on veut être compétitifs, il faudra faire la même chose. L'entrepreneur québécois qui aura des offres d'achat de deux concurrents va favoriser l'acheteur québécois si l'offre est équivalente, pour maintenir les emplois ici.»

Favoriser une plus grande collaboration entre les différents agents économiques au Québec

«Il faut s'allier avec la Société générale de financement, Investissements Québec, la Caisse de dépôt, les autres fonds fiscalisés et la Banque de développement du Canada, dit Yvon Bolduc. Il ne faut pas être partout en même temps. Nous devons avoir une meilleure collaboration dans cette période plus difficile. Ce sera très important pour assurer un succès économique à long terme.»

Aider l'industrie du capital de risque au Québec

«Dans quelques années, on en sera à une deuxième phase pour aider l'industrie du capital de risque au Québec. On le fera en collaboration avec la Caisse de dépôt. Le gouvernement va aussi contribuer», dit Yvon Bolduc.

Présentement, le Fonds favorise les investissements dans des fonds spécialisés pour inciter ceux-ci à venir s'établir et investir au Québec. C'est une stratégie utilisée notamment pour la nouvelle économie.