Le Crestor, le médicament pour diminuer le cholestérol le plus vendu dans le monde, réduirait de 44% les dangers cardiovasculaires chez des sujets n'ayant pas de facteurs de risques élevés d'infarctus, selon un essai clinique présenté dimanche.

Les résultats de cette étude clinique baptisée JUPITER pourrait étendre à titre préventif le recours de ce type de médicament, les statines (des anti-cholestérol), à plusieurs millions de personnes ne présentant pas de risques élevés de maladies cardio-vasculaires, mais dont les niveaux de la protéine C réactive, ou CRP, sont au-dessus de la normale, selon des cardiologues.

La CRP est une protéine synthétisée par le foie jouant un rôle important dans les réactions inflammatoires et sert de marqueur biologique pour déterminer notamment des risques d'obstruction des artères.

L'essai clinique a porté sur 17 802 hommes et femmes de plus de 50 ans, en bonne santé avec un cholestérol normal mais avec des niveaux élevés de CRP.

Il a montré une réduction de 44% du taux de première attaque cardiovasculaire grave, ou de décès de toute cause, chez les sujets ayant pris quotidiennement 20 milligrammes de Crestor, comparativement au groupe témoin traité avec un placebo, écrivent les auteurs de l'étude publiée dans le New England Journal of Medicine.

Les résultats de l'essai clinique, financé par la laboratoire britannique AstraZeneca qui commercialise le Crestor et mené part le Dr Paul Ridker de la faculté de médecine de l'université de Harvard à Boston (Massachusetts), ont été présentés à la conférence annuelle de l'American Heart Association qui se tient ce week-end à la Nouvelle Orléans (Louisiane).

L'essai clinique conduit dans 26 pays, dont les États-Unis, a été arrêté après deux ans en mars 2008, au lieu des cinq ans prévus, les résultants étant suffisamment probants.

Le Crestor a réduit les niveaux de cholestérol et de CRP de respectivement 50% et 37% chez les participants.

Parmi les sujets de l'étude traités avec le Crestor, les risques de crises cardiaques, d'attaques cérébrales et de pontages coronariens ont été respectivement réduits de 54%, de 48% et de 46%, a précisé le Dr Ridket co-inventeur du test de CRP.

«Les critères de prévention vont sûrement être réexaminés sur la base des résultats de l'essai clinique JUPITER «, écrit dans un éditorial publié également dans le New England Journal of Medicine, Dr Mark Hlatky, de la faculté de médecine de l'Université Stanford (Californie).

«JUPITER démontre encore l'efficacité des statines pour réduire le risque cardiovasculaire même parmi des personnes qui ne seraient pas, selon les critères médicaux, actuellement considérées comme en ayant besoin», ajoute-t-il.

Toutefois, juge ce cardiologue, «la décision d'étendre le traitement des statines à titre préventif à une population plus étendue devra dépendre de l'équilibre entre les bienfaits et les risques et coûts à long terme».

Les auteurs de l'essai clinique ont indiqué avoir «détecté un léger mais notable accroissement de l'incidence de diabète» chez les personnes traitées avec le Crestor.