Des cellules issues des testicules semblent aussi polyvalentes que les cellules souches provenant d'embryons, souligne une nouvelle étude publiée jeudi dans la revue Nature.

Ce nouveau type de cellule souche pourrait être utile pour produire des tissus de remplacement personnalisés, mais étant donné leur origine, elles ne pourraient bénéficier qu'à une moitié de l'humanité: les hommes.

Les cellules souches embryonnaires peuvent donner naissance à pratiquement n'importe quel type de tissu dans l'organisme. Selon les chercheurs, elles pourraient à terme offrir des traitements pour des affections comme la maladie de Parkinson et le diabète, et pour des lésions de la moelle épinière.

Les cellules testiculaires échappent au débat éthique sur les cellules souches embryonnaires, qui sont collectées lors d'une procédure qui détruit l'embryon. «L'avantage de ces cellules par rapport aux cellules souches embryonnaires est qu'il n'y a pas de problème d'éthique avec elles et qu'elles sont naturelles», souligne Thomas Skutella, professeur du Centre pour la médecine et la biologie régénératrice à Tubingen (Allemagne) et principal auateur de l'étude.

Ce n'est pas la seule piste prometteuse évitant le recours aux embryons. Des expériences de reprogrammation de cellules ordinaires du corps en cellules souches ont déjà été réalisées.

La nouvelle étude a utilisé des cellules prélevées par biopsie sur 22 hommes entre 17 et 81 ans suivant des traitements médicaux. Les chercheurs ont découvert qu'après quelques semaines de croissance, les cellules testiculaires pouvaient se différencier en divers types de cellules comme celles prélevées sur des embryons.

Des scientifiques ont jugé les travaux prometteurs tout en estimant qu'il ne fallait pas pour autant abandonner la recherche sur les cellules souches embryonnaires. «C'est passionnant. On pourrait utiliser cela pour les hommes, mais il n'y a pas de méthode aussi simple pour les femmes», note George Daley, de l'Institut des cellules souches de Harvard, qui n'a pas participé à l'étude.

Thomas Skutella estime qu'un équivalent pour les femmes pourrait être trouvé dans leurs ovocytes, mais M. Daley juge cette hypothèse peu probable en raison de la composition de ces cellules.

La mise au point de traitements utilisant ces nouvelles découvertes pourrait prendre des années. Mais les travaux sur les cellules testiculaires pourraient bénéficier des recherches déjà menées depuis une décennie sur les cellules embryonnaires et ainsi avancer rapidement, selon M. Daley.