Pour éviter des glissements de terrain qui emportent des maisons et des routes sur leur passage au Québec, à un moment où l'impact des changements climatiques est redouté, l'Université Laval va entreprendre plusieurs études sur ce phénomène.

En 2010, à Saint-Jude en Montérégie, un glissement de terrain a englouti une maison et ses quatre habitants, un couple et ses deux enfants, qui y ont péri. En 1971, 31 personnes sont mortes dans la grande coulée de Saint-Jean-Vianney, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Pour que de pareilles tragédies ne se reproduisent pas, le ministère des Transports du Québec et le ministère de la Sécurité publique s'allient au Laboratoire d'études sur les risques naturels (LERN) de l'Université Laval pour étudier divers aspects des glissements de terrain. Un soutien financier pour les recherches provient du Fonds vert du gouvernement québécois.

Selon le ministère des Transports, l'année 2017 a vu un nombre record de glissements de terrain au Québec.

Et puis, dans les sols argileux du Québec, le phénomène se produit généralement de façon subite, ajoute de son côté le ministère de la Sécurité publique.

La hausse de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, découlant des changements climatiques, est montrée du doigt. Il est craint que les précipitations plus importantes ne causent de plus nombreux, ou de plus importants, glissements de terrain.

Ainsi, le gouvernement québécois dit vouloir agir en amont pour éviter les sinistres.

« L'objectif principal du programme de recherche c'est d'arriver à mieux comprendre les glissements de terrain et leur lien avec le climat actuel, et le climat en tenant compte des changements climatiques », a indiqué en entrevue la professeure Ariane Locat, du Département de génie civil et de génie des eaux, très impliquée dans cette collaboration.

Car le lien direct au niveau des changements climatiques n'est pas nécessairement clair. « C'est pourquoi on veut le documenter ».

Les glissements de terrain surviennent lorsque les sols en argile deviennent gonflés d'eau, ce qui les liquéfie et les rend instables, explique-t-elle.

Les événements climatiques à fortes précipitations peuvent ainsi avoir un impact sur la solidité des sols, entraîner de tels glissements et des coulées de boue qui causent de nombreux dommages.

Les plaines de la vallée du Saint-Laurent sont constituées de terres argileuses. La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, plus au nord, repose aussi sur un tel sol, précise la professeure. Mais ils ne sont pas tous vulnérables, d'où l'importance des travaux de recherche qui tenteront de cartographier les zones à risque, ainsi que celles pouvant être touchées par les coulées de boue.

« Parce qu'on ne veut pas que la boue atteigne les structures ou la population », souligne la professeure.

Des facteurs comme les grandes précipitations, l'érosion et le couvert de neige qui fond au printemps seront évalués. Mais l'activité humaine peut aussi être en cause, lorsque les sols sont déstabilisés par des constructions, par exemple.

L'un des projets de recherche vise à installer des stations de captation de données afin de documenter et de comprendre les répercussions des changements climatiques sur la stabilité des talus situés dans des dépôts d'argiles sensibles du Québec. Cela permettra de développer des critères de surveillance, a précisé la professeure Locat, et de mieux comprendre comment des glissements de terrain se déclenchent.

Le Laboratoire d'études sur les risques naturels de l'Université Laval avait déjà des projets de recherche en cours sur ce sujet.