En prévision du congrès Science Société, qui se tiendra demain et jeudi au Jardin botanique, La Presse publie la suite du dossier sur la perception de la science par les Québécois.

Tout d'abord viennent les sports. Puis la politique, tous ordres de gouvernement confondus. Ensuite l'économie et les arts. Et, tout au bas de la liste, derrière la météo et le prix de l'essence, vient la science.

Jean-François Dumas, qui évalue pour la firme Influence Communication le «poids média» des différents secteurs de l'actualité, est candide: la science vient au dernier rang des préoccupations des Québécois, avec un poids deux fois moins élevé que l'avant-dernier rang, occupé par les nouvelles internationales: 0,26% contre 0,51%.

Cela dit, le portrait est plus rose si on tient compte de l'environnement, de la santé et des gadgets technologiques, trois secteurs à forte teneur scientifique. Au total, ces quatre domaines monopolisent plus de 8% des médias. «Je soupçonne que les technologies, notamment internet, remplacent ces derniers temps la recherche scientifique», dit M. Dumas.

À la Fédération mondiale des journalistes scientifiques, le président, Jean-Marc Fleury, confirme la thèse de M. Dumas. «On dit souvent qu'il y a de moins en moins de place pour la science dans les médias», note M. Fleury, qui enseigne à l'Université Laval. «Mais si on tient compte de l'environnement et de la santé, ce n'est pas mal.»

Certains articles ou topos à la télé trempent dans plusieurs catégories d'Influence Communication. Sur le plan de l'environnement, une nouvelle étude de l'ONU sur les changements climatiques verra son poids média divisé en deux, avec une portion allant au secteur «science». Mais pour la santé, même s'il s'agit d'une nouvelle étude sur la physiologie du cancer ou les causes génétiques d'une maladie psychiatrique, le poids média n'est pas divisé. «La santé, ça comprend autant le CHUM que l'état des urgences ou la grippe aviaire.»

Cette année, les événements internationaux ont modifié le classement. Les élections américaines et les olympiques en Chine ont fait exploser de 0,51% à 3,21% le poids média des nouvelles internationales. Aussi à cause de Pékin, les sports ont bondi de 16% à 24%. L'économie s'est haussée dans le classement, de 6% à 12%, avec la crise financière. «C'est la première année qu'on mesure la science, et on peut penser qu'avec tous les événements de cette année, le faible taux que nous avons mesuré est plus faible que les années précédentes», dit M. Dumas.

Les journaux sont les principaux vecteurs médiatiques de la science, suivis par la télévision. Le secteur est pratiquement absent de la radio. «Ce qui est le plus populaire, c'est la recherche pop-corn, scientifique mais très grand public, avec des applications concrètes pour monsieur et madame Tout-le-Monde, dit M. Dumas. Par exemple, une étude sur ce qui rend plus heureux dans la vie, une découverte qui favorise le développement de bonnes relations entre les gens. La pop psychologie revient souvent.»

LES BREVETS AU QUÉBEC

Des inventeurs ou firmes québécoises détiennent 1882 brevets biomédicaux recensés par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, soit 0,5% du total du secteur.

SOURCE: OCDE, 2008

LA SCIENCE DANS LES MÉDIAS (Poids média de différents secteurs):

Science 0,26%

Santé 1,63%

Environnement 3,33%

Sports 16%

International 0,51%

Économie 6%

Arts 4,56%

Météo 1,22%

Prix de l'essence 1,43%

Politique 8,17%

Nouvelles insolites 1,31%

SOURCE: Influence communication

NOMBRE DE BREVETS (brevets déposés au bureau américain des brevets):

1993 / 2000 / 2006

Québec 419 / 741 / 832

Canada 2101 / 3779 / 4107

États-Unis 53 231 / 85 068 / 89 823

SOURCES : ISQ, USPTO

NOMBRE DE PUBLICATIONS SAVANTES EN 2007 (Dans des revues de sciences naturelles et de génie révisées par des pairs):

1995 / 2000 / 2004

Québec 7350 / 7100 / 8170

Canada 29 800 / 29 800 / 34 500

États-Unis 206 700 / 212 800 / 218 300

SOURCES : ISQ, OCDE