Il n'a peut-être pas de cape, mais Jason Corbett reste un héros dans le monde des chauve-souris. Depuis janvier, ce véritable «Batman», biologiste dans l'Arizona, est chargé de s'assurer que les chauve-souris qui vivent dans des mines ne risquent pas d'être des victimes collatérales de la fermeture des sites abandonnés.

«Il est assez facile de faire sortir les chauve-souris des mines. Il n'y a donc aucune raison pour qu'elles se retrouvent ensevelies», observe le coordinateur de l'organisation à but non lucratif Bat Conservation International. Chargé de protéger le petit mammifère, il arpente l'Arizona et d'autres États pour y proposer ses services et conseils. Une démarche de plus en plus appréciée.

La protection des chauve-souris est essentielle car elles jouent un rôle écologique en participant à l'équilibre de l'écosystème, notamment grâce à leur consommation d'insectes réputés nuisibles.

Les mines peuvent abriter des milliers de chauve-souris, explique Angie McIntire, chargée de la sauvegarde de ce petit mammifère volant au sein du Département de la pêche et de la faune de l'Arizona. Elles les utilisent parfois pendant un ou deux mois, mais leur séjour pourrait se produire à une période critique, comme la reproduction ou le moment des naissances.

Aucun élément ne permet d'établir le nombre exact de chauve-souris qui ont perdu la vie dans des mines. «Je suis certaine que des sites ont été fermés sans aucune pensée pour (elles) ou même sans savoir qu'elles se trouvaient là», note Angie McIntire.

Bat Conservation International a lancé il y a une douzaine d'années un programme autour des chauve-souris et des mines. Mais le rôle de coordinateur n'existe que depuis deux ans dans le sud-ouest des Etats-Unis. Jason Corbett intervient généralement à la demande d'agences gouvernementales ou d'autres organismes, même s'il lui arrive de prendre l'initiative d'un contact.

Sa véritable mission commence une fois que la décision est prise d'aller dans la mine avec une équipe de soutien. S'il lui arrive souvent d'inspecter des grottes et des puits horizontaux, ce sont les puits verticaux qui lui demandent le plus de travail.

Il doit utiliser des cordes et un harnais pour descendre dans les puits, dont certains ont plus de 150m de profondeur. À quelques mètres du sol, il utilise une perche pour vérifier s'il y a d'autres créatures. Un jour, il s'est retrouvé nez à nez avec un serpent à sonnettes, qu'il a tranquillement fait partir.

Une fois en bas, Jason Corbett traque les signes d'une présence éventuelle de chauve-souris, comme des crottes ou leurs restes alimentaires. Mais ses recherches ne s'arrêtent pas là, le biologiste s'intéressant à la situation d'ensemble.

Si d'autres éléments, comme la température, montrent que la mine peut être un espace habitable pour l'animal, il recommandera la construction d'une entrée en acier suffisamment étroite. «Si une mine est dangereuse, la mise en place d'une entrée aura une double fonction: elle empêchera les humains de pénétrer» à l'intérieur, et cela «protégera également les chauve-souris» qui pourront circuler librement, explique le biologiste.

Si les risques sont trop importants pour la population, il faudra évacuer l'animal avant de détruire la mine. La procédure, baptisée exclusion, est simple: une volière est placée à l'entrée de la mine pendant quelques jours. Les chauve-souris peuvent sortir, mais ne peuvent pas revenir. Si aucune n'est retrouvée, les propriétaires pourront alors combler les lieux.

Le sort des mines abandonnées est un important sujet de préoccupation aux États-Unis. L'an dernier, une fillette avait trouvé la mort en tombant dans un puits dans le nord-ouest de l'Arizona. Les services d'inspection des mines de l'État estiment à plus de 9500 le nombre de mines abandonnées dans la région. Il en existe des centaines de milliers d'autres dans les États voisins.