Tous les signaux sont au vert pour le lancement jeudi du vol Shenzhou VII, dans un désert du nord-ouest de la Chine, et sa mission historique: la première sortie d'un Chinois dans l'espace. 

La fusée «Longue Marche», plus haute que la statue de la Liberté, se dresse sur la base de Jiuquan, dans la province du Gansu, prête à transporter dans l'espace la capsule de Shenzhou VII («Vaisseau divin»), le troisième vol habité chinois.Si la mission réussit, un pilote de l'armée de l'air de 42 ans, Zhai Zhigang, aura l'honneur d'être le premier Chinois à sortir dans l'espace à l'occasion d'une manoeuvre de 40 minutes vendredi ou samedi, selon des sites internet gouvernementaux

Zhai -- qui sera accompagné dans la capsule par Liu Boming et Jing Haipeng, également pilotes et âgés de 42 ans -- devrait lâcher un petit satellite qui retransmettra des images de sa marche dans l'espace.

La mission prévue pour durer au total 68 heures rapprochera la Chine, qui a lancé son programme spatial il y a plus d'un demi-siècle, de son objectif de disposer d'un petit laboratoire dans l'espace, puis plus tard d'une station. Le tout avec l'ambition d'envoyer un astronaute sur la Lune.

À quelques jours de la fête nationale (1er octobre) et après la réussite des jeux Olympiques, c'est aussi l'occasion pour le gouvernement et ses médias officiels de célébrer la Chine qui gagne, bien loin du scandale du lait frelaté.

«Ce qui nous remplit de fierté c'est que, même si nous ne sommes pas les meilleurs, nous avons tout réalisé par nous-mêmes, c'est 100% Chinois», a expliqué aux Nouvelles de Pékin Qi Faren, le «père» du programme Shenzhou, ingénieur à la retraite qui occupe encore un rôle de conseiller.

«Mon impression est que tout se passe bien quelques jours avant le lancement», juge Morris Jones, expert spatial australien.

«Je ne crois pas qu'il y ait de gros problèmes. Ils se préparent depuis longtemps», dit-il.

En octobre 2003, avec Shenzhou V, la Chine était devenue le troisième pays à envoyer un homme dans l'espace après l'ex-Union soviétique et les États-Unis.

Deux ans après, Shenzhou VI effectuait une mission de cinq jours avec à son bord deux astronautes.

«On peut décrire l'ensemble du programme chinois comme ambitieux, mais il est progressif et prudent», explique Joan Johnson-Freese, spécialiste américain du programme spatial chinois.

«L'augmentation régulière du nombre d'astronautes envoyés correspond à cette approche et au modèle utilisé auparavant par les Soviétiques et les Américains», juge-t-il.

«Mais ce qu'elle y fait, comme la sortie d'un spationaute avec cordon ombilical, est encore plus proche des réalisations des années 1960 que du scooter spatial ou du bras télémanipulateur qu'on voit sur la navette (américaine) depuis des années», souligne Isabelle Sourbès-Verger, spécialiste française du programme spatial chinois.

Pour Johnson-Freese, Shenzhou VII doit permettre «de les rapprocher d'un petit laboratoire spatial».

Selon Qi Faren, la prochaine étape de Shenzhou devrait intervenir en 2010.

Trois missions seront lancées successivement, les deux premières non habitées pour placer dans l'espace deux modules orbitaux comme base de ce laboratoire.

Shenzhou X, avec des astronautes à son bord, s'arrimera ensuite aux modules et mènera des recherches scientifiques, a expliqué M. Qi, ajoutant que la Chine espère pouvoir construire sa station spatiale en 2020.