(Edmonton) L’astromobile lunaire canadienne contribuera à dévoiler la face cachée de notre satellite.

Le premier véhicule lunaire à être fabriqué au Canada permettra à l’Agence spatiale canadienne de jouer un rôle primordial dans l’exploration spatiale. Sa mission sera de chercher la présence de glace sous la surface de la Lune.

La Lune tourne sur son axe de façon synchrone à sa période de révolution. C’est la raison pour laquelle nous n’en voyons qu’un seul côté.

« Cela a toujours piqué notre imagination : qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté de la Lune ? », résume Gordon Osinski, le responsable de la mission canadienne.

L’équipe du Pr Osinski, en collaboration avec d’autres partenaires internationaux, se prépare à envoyer le véhicule de 30 kg dans le pôle Sud de la Lune en 2026 afin de chercher s’il y a de la glace à quelques mètres sous la surface lunaire.

La découverte de glace pourrait servir de tremplin à d’autres explorations du système solaire et même à des missions humaines, dit Chris Herd, un membre de l’équipe et professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’Université de l’Alberta.

Le Pr Herd avait participé à la mission de l’astromobile sur Mars. Il explique que la glace « peut être extraite et utilisée comme ressource pour permettre aux astronautes de survivre ». Elle peut être divisée en hydrogène et en oxygène pour du carburant, ce qui éviterait de transporter ces ressources de la Terre et permettrait de réaliser des économies.

« Cela réduit le coût d’envoyer des humains sur la Lune. C’est le but ultime », lance-t-il.

Le Pr Osinski souligne que l’intérêt pour l’exploration lunaire s’est accru au cours des cinq dernières années. On envisage de plus en plus d’envoyer des astronautes, comme lors des missions Apollo de la fin des années 1960 et du début des années 1970.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

L’astromobile robotisée jouera un rôle intégral dans la réalisation de ce rêve, ajoute-t-il.

L’Agence spatiale canadienne a donné en novembre la responsabilité de fabriquer ce véhicule à une entreprise ontarienne, Canadensys. Celle-ci collaborera avec d’autres partenaires pour mettre au point l’équipement scientifique qui sera envoyé sur la Lune.

Canadensys collabore avec six universités canadiennes, dont l’Université de Sherbrooke, des entreprises comme la société montréalaise Maya HTT et la NGC Aérospatiale établie à Sherbrooke, et des partenaires américains et britanniques.

L’astromobile devra pouvoir résister aux écarts extrêmes de température sur le satellite de la Terre, de -200 °C la nuit à 100 °C le jour. Il faudra aussi qu’il résiste à la radiation élevée et transmette des données au cours des mois de sa mission.

Le véhicule fonctionnera à l’énergie solaire sept jours par semaine, 24 heures par jour, mais il devra être placé « en repos » tous les 14 jours.

Les scientifiques ne chercheront pas seulement de la glace. Ils analyseront la composition du sol rocheux lunaire et étudieront le rayonnement sur la surface lunaire pour connaître la quantité de rayonnement à laquelle les astronautes à venir seront exposés.

« Ce que fera l’astromobile, c’est en préparation en vue des prochaines missions humaines », souligne Christian Sallaberger, le PDG de la Canadensys Aerospace Corporation.

Le Canada ne sera pas le premier pays à alunir sur la face cachée de la Lune, il sera le premier à en explorer le pôle Sud. Les scientifiques croient y découvrir de la glace dans les cratères sombres.

La Chine était devenue le premier pays à envoyer une astromobile, le Yutu-2, sur la face cachée du satellite terrestre.

Le Pr Osinski ne serait pas surpris si d’autres pays devançaient le Canada sur la face cachée de la Lune, mais la mission demeure « incroyablement emballante ».

« Je dois presque m’empêcher de me pincer de temps en temps. C’est vers cela que mes travaux me dirigeaient au cours des dernières décennies. »

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Précision :
Dans la version précédente de cette dépêche, La Presse Canadienne écrivait erronément que la Lune ne tournait pas sur elle-même. Or c’est faux. La Lune tourne sur son axe de façon synchrone à sa période de révolution. C’est la raison pour laquelle nous n’en voyons qu’une face. Nos excuses.