Des chercheurs québécois ont fait progresser de 70 % à 95 % la fiabilité des pronostics pour les patients atteints d’un cancer du poumon. Leur approche pourrait être appliquée à d’autres cancers.

« C’est un progrès important », explique l’un des auteurs de l’étude publiée mercredi dans la revue Nature, Philippe Joubert, de l’Université Laval. « Nous avons identifié 35 marqueurs qui influencent le pronostic. Si nous pouvons identifier les patients plus à risque de récidive, nous pourrons leur proposer des traitements après une chirurgie pour éviter que le cancer revienne. »

La technologie utilisée, l’imagerie par cytométrie de masse, n’est pas offerte pour le moment en version clinique. « C’est utilisé en recherche, dit le pathologiste de Québec. Il faudra la simplifier pour que ça serve directement pour les patients. » Logan Walsh, un biologiste de l’Université McGill qui est aussi coauteur de l’étude, estime que la simplification du test sera rapide puisqu’on pourra se concentrer sur ces 35 marqueurs.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L'UNIVERSITÉ MCGILL

Logan Walsh

Les pronostics actuels se basent entre autres sur la taille des tumeurs, leur migration ou non vers les ganglions et le type de tumeur. Leur efficacité est de 70 %, selon le DJoubert.

L’imagerie par cytométrie de masse analyse les cellules entourant la tumeur, par exemple les cellules immunitaires et structurelles. « La technologie que nous avons utilisée a été mise au point à McGill et permet d’étudier simultanément plusieurs types de cellules, dit le DJoubert. L’analyse est faite avec l’intelligence artificielle. »

La technologie de McGill a été testée sur des échantillons de 416 patients ayant eu un cancer du poumon, conservés par une biobanque de l’Université Laval, ainsi que sur une cohorte de 60 patients du Centre universitaire de santé McGill.

L’équipe de M. Walsh travaille sur cette technologie depuis une demi-douzaine d’années. « Nous voulions au départ comprendre les facteurs qui influencent le succès de l’immunothérapie anticancer », dit le biologiste montréalais.

Dépistage

Le cancer du poumon a un pronostic en moyenne moins bon que d’autres cancers : il représente le quart de la mortalité du cancer au Canada, même s’il ne représente que 13 % des nouveaux cas. Mais une amélioration du dépistage augmente la proportion de patients chez qui il est détecté tôt, ce qui améliore les chances de guérison.

Le tiers des patients reçoivent un diagnostic assez tôt pour que la tumeur soit enlevée par résection, un type de chirurgie. Cette proportion pourrait doubler, selon le DJoubert. Cela rend d’autant plus importante une technologie pouvant déterminer quels patients ont besoin de traitements après l’opération.

En savoir plus
  • 22 %
    Taux de survie cinq ans après un diagnostic de cancer du poumon
    Source : Société canadienne du cancer
    15 %
    Taux de survie dix ans après un diagnostic de cancer du poumon
    Source : Société canadienne du cancer
  • 5,2 %
    Risque pour un Canadien d’avoir un cancer du poumon durant sa vie
    Source : Société canadienne du cancer