Le monde peut enrayer la pandémie de sida, a affirmé dimanche le grand patron de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis, Anthony Fauci. Le grand timonier de la lutte contre la COVID-19 a bon espoir que le VIH sera beaucoup moins transmis grâce aux traitements sur le point de déboucher.

Accès et adhésion aux traitements

« Les antirétroviraux sont l’une des plus importantes avancées biomédicales de notre ère », a déclaré le DFauci dans son allocution par vidéo à la Conférence internationale sur le sida au Palais des congrès. Mais seulement 29 millions des 38 millions de patients dans le monde y ont accès, et près de la moitié ne suivent pas bien leur traitement, sautant plus de 20 % des jours. Pire, aux États-Unis, près de 80 % des gens qui ont besoin de prophylaxie préexposition (PrEP) arrêtent peu après le début du traitement ou ne suivent pas bien la PrEP.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Personnes rassemblées au Palais des congrès à l’occasion du début de la Conférence internationale sur le sida, le 29 juillet.

Et dans le monde, seulement 2,8 millions de personnes prennent de la PrEP, alors que des « dizaines de millions » en ont besoin, selon le DFauci. La PrEP est nécessaire pour éviter que les gens qui ont des comportements à risque (relations sexuelles non protégées avec plusieurs partenaires, par exemple) ne soient infectés. « Il faut donc non seulement améliorer les traitements et en trouver des nouveaux, mais aussi améliorer les interventions de traitement et de prévention. »

Espacer les doses

L’espacement des doses, des injections deux fois par an plutôt que des pilules tous les jours, est l’un des espoirs les plus forts, selon le DFauci. Cela vaut tant pour le traitement que pour la PrEP. Il a cité deux études en cours sur la PrEP avec injections tous les six mois, l’une auprès de 5000 Africaines et l’autre avec 3000 hommes et personnes issues de minorités de genre aux États-Unis et dans d’autres pays.

Rémission à long terme

Au sujet du saint Graal de la recherche, la guérison du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le Dr Fauci pense qu’il s’agira plutôt de « rémission à long terme » plutôt que de l’élimination du virus dans les réservoirs où il se cache quand il est contrôlé par les antirétroviraux.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La 24e Conférence internationale sur le sida a lieu à Montréal jusqu’au 2 août.

La rémission à long terme vise à imiter les « super-contrôleurs », dont le système immunitaire n’élimine pas le VIH, mais empêche l’apparition du sida, en diminuant par échelons divers traitements.

COVID-19 : le négatif…

La pandémie a interrompu dans de nombreux cas le dépistage du VIH ainsi que les traitements et la PrEP, déplore le DFauci. « Il ne faut pas qu’elle annule les progrès importants sur la diminution de la mortalité due au sida. » L’espérance de vie d’une personne séropositive dans la vingtaine est maintenant de 56 ans si elle prend religieusement ses antirétroviraux, contre un ou deux ans en 1984, a-t-il rappelé.

… et le positif

Mais les succès des vaccins à ARNm contre la COVID-19, comme ceux de Pfizer et de Moderna, a redonné espoir pour un vaccin contre le sida. Et les anticorps monoclonaux utilisés pour traiter la COVID-19 pourraient être dirigés vers sept cibles identifiées par le DFauci sur le VIH.

Variole simienne

Le chercheur américain, qui a été accueilli comme une vedette, a dû faire face à des reproches sur la préparation du gouvernement américain face à la variole simienne, qu’il a qualifiée de « troisième pandémie » avec celles du sida et de la COVID-19. « Nous avons financé des recherches sur les vaccins contre la variole, a-t-il répondu. Et nous nous préparions dans un contexte de bioterrorisme. » Il a indiqué que 1,1 million de doses seraient disponibles début août alors que la population ciblée, essentiellement des minorités sexuelles, est de 1,6 million, ce qui signifie un besoin de 3,2 millions de doses.

Manifestation

Entre 50 et 70 personnes ont par ailleurs manifesté au début de la présentation du DFauci pour appuyer le principe « I = I », ou « indétectable = intransmissible ». Il leur a donné son appui, signalant qu’il avait été l’un des premiers à faire la promotion du concept, qui permet d’inclure dans les efforts de prévention les patients dont la charge virale est indétectable au point d’être intransmissible.

En savoir plus
  • 700 000
    Nombre de morts du sida dans le monde en 2020
    SOURCE : Institut national des allergies et des maladies infectieuses
    2 millions
    Nombre de morts du sida dans le monde en 2004, le sommet
    SOURCE : Institut national des allergies et des maladies infectieuses