Augmenter la proportion des menus sans viande dans les cafétérias permet de diminuer la consommation de viande, selon une nouvelle étude britannique. Mais l’effet est beaucoup plus marqué dans les cafétérias d’universités que dans celles des usines.

L’université

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ D’OXFORD

Rachel Pechey, psychologue d’Oxford et auteure principale de l’étude

Dans les cafétérias de l’Université d’Oxford, il y a normalement deux plats de viande parmi les trois choix du menu du jour. Pour l’expérience, le ratio a été inversé : deux plats sans viande, un troisième avec. Résultat : la proportion de viande vendue est passée de 58 % à 39 %. « Nous avons vérifié s’il y avait une baisse des revenus, et ce n’est pas le cas », explique Rachel Pechey, psychologue d’Oxford et auteure principale de l’étude publiée fin janvier dans l’International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. « Il semble qu’on ait atteint un seuil. Avant le changement, les ventes de plats avec viande étaient légèrement inférieures aux choix offerts, après le changement, légèrement supérieures aux choix offerts. »

L’usine

PHOTO ADAM ROBISON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’attrait pour les repas sans viande semble plus grand dans les universités que dans les usines.

L’autre volet de l’étude se déroulait dans des cafétérias d’usines et d’entrepôts, où on a introduit un « lundi sans viande » et augmenté à deux le nombre de choix sans viande parmi les plats du jour. Mais ici, le changement a été minime : les ventes de viande n’ont diminué que de 90 % à 88 %. « On pourrait penser que l’attrait des plats sans viande est moins grand pour les milieux moins aisés et moins instruits, dit Mme Pechey. Ça a été montré dans quelques études, mais nous avons aussi un troisième volet, avec des choix théoriques de menus, qui semble montrer que cela n’est pas le cas. L’attrait des plats sans viande ne dépend pas du degré d’instruction ou du revenu d’une personne. Il est possible que, dans les milieux où la viande est très populaire, il y ait une pression sociale pour en manger. Il a par ailleurs été beaucoup plus difficile dans ce volet de contrôler l’adoption des menus végétariens par les chefs des différentes cafétérias. Il y avait aussi beaucoup de fluctuation dans l’achalandage à cause des mesures sanitaires durant la pandémie. »

Burger végé et tarte aux oignons

PHOTO STEVE HELBER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Boulettes de fausse viande de la marque Beyond Meat

La prochaine étape dans les recherches sur l’attrait des plats sans viande est l’étude des innovations culinaires, comme la « viande végétale » popularisée par la firme Beyond Meat. « Il serait intéressant de voir si on a plus de succès à long terme avec ces imitations, ou alors avec des plats culturels, comme les caris de légumes ou les sautés de tofu, ou des recettes traditionnelles, comme le gratin de chou-fleur ou la tarte aux oignons », explique Mme Pechey. Elle veut aussi se pencher sur l’« équité » des interventions. « Pour les gens moins instruits, il peut être difficile de lire toute une série d’informations sur les émissions de gaz à effet de serre liées à un plat spécifique. Cette incompréhension peut limiter leurs choix. L’avenue consistant à augmenter le nombre de choix sans viande, comme dans notre étude, semble plus équitable, mais il faut encore le vérifier avec d’autres études. »

La vertu

Certains analystes avancent que choisir publiquement un plat végétarien est une manière de « signaler sa vertu » autour de soi. Est-il possible que ce phénomène joue dans les universités ? « Je ne crois pas, parce que la pression sociale pour manger de la viande est encore plus forte, selon moi », dit Mme Pechey. Au Canada, deux rapports de BMO et de Nielsen ont récemment rapporté un déclin des ventes de protéines végétales imitant la viande. Est-ce le cas au Royaume-Uni ? « Non, nous ne voyons pas du tout un déclin de la popularité de ces produits, leur popularité continue à s’accroître », dit la psychologue britannique.

Les menus des cafétérias des universités montréalaises

Université de Montréal : Chaque jour, il y a un plat de viande ou de poisson, un plat végétarien et plusieurs plats véganes d’Aux vivres.

UQAM : Option végétarienne ou végétalienne dans les plats du jour, en plus de pizzas et gratins sans viande. Deux choix de sauce sans viande sont aussi offerts pour les pâtes.

Université Concordia : Chaque jour, il y a un plat chaud de viande et un choix sans viande (trois jours par semaine végane, deux jours par semaine végétarien). Les émissions de gaz à effet de serre de chacun des deux plats du jour sont affichées.

Université McGill : Options végétaliennes et végétariennes dans les plats du jour, ainsi qu’un jour sans viande (lundi) par semaine

Consultez l’étude (en anglais)
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  • 3 %
    Baisse des ventes de protéines végétales imitant la viande au Canada au dernier trimestre 2021
    Nielsen