Bloquer l’action d’une protéine pourrait empêcher une tumeur solide, comme celle d’un cancer du sein, de faire des métastases et de propager la maladie à travers l’organisme, a constaté un chercheur québécois.

Lors d’essais cliniques sur des modèles animaux, le nouveau directeur scientifique de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, Jean-François Côté, a découvert qu’on peut complètement empêcher la formation de métastases en bloquant l’action de la protéine AXL, et ce, sans aucune autre forme d’intervention.

Les essais précliniques de M. Côté ont porté sur le cancer du sein HER2 positif (HER2+), mais il assure que sa découverte est potentiellement applicable à toutes les tumeurs solides.

« Il y a beaucoup d’intérêt à travers le monde pour la protéine AXL, a expliqué M. Côté, qui a partagé les conclusions de ses travaux avec La Presse Canadienne à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février. Son expression corrèle dans pratiquement tous les types de cancers solides avec la formation de métastases, mais on ne comprend pas très bien ce qu’elle fait. »

« On est vraiment arrivés à démontrer que pour les cancers qui vont exprimer AXL, si on est capables de bloquer l’activité d’AXL, la formation de métastases est vraiment abolie de façon impressionnante. »

Cet effet porte spécifiquement sur l’activité métastatique de la tumeur, a précisé M. Côté, et n’influence en rien ses autres propriétés.

Toutefois, d’autres travaux menés en laboratoire par M. Côté ont démontré qu’on pourrait réduire la taille de la tumeur principale en inhibant simultanément la protéine AXL et une molécule ciblée pour l’immunothérapie.

L’impact potentiel de cette découverte devient évident quand on sait que les cancers de type HER2+ répondent moins bien que d’autres à l’immunothérapie, une forme de traitement qui consiste à envoyer le système immunitaire attaquer et détruire la tumeur.

Bloquer l’activité d’AXL favorise un milieu dans lequel l’immunothérapie s’en prend plus efficacement à la tumeur primaire, a dit M. Côté. Le chercheur parle de « deux coups de poing un après l’autre ».

« L’inhibition d’AXL va bloquer la formation de métastases, a-t-il dit. Et puis si on combine ça avec un traitement d’immunothérapie, on augmente aussi l’efficacité du traitement sur la tumeur primaire. Donc, c’est très prometteur. »

Des chercheurs ailleurs dans le monde s’intéressent par exemple au cancer du rein et au cancer du poumon. Lorsque ces tumeurs expriment AXL, a dit M. Côté, on constate de plus en plus qu’on peut bloquer la formation de métastases en interférant avec l’activité de la protéine.

« C’est un joueur qui semble assez clé et généralisé comme une cible intéressante qui pourrait avoir un impact sur plusieurs types de cancer », a-t-il souligné.

Plusieurs médicaments qui bloquent AXL font actuellement l’objet d’essais cliniques à travers le monde.