Plus de 400 millions de personnes ont reçu une première dose du vaccin. De ce nombre, 90 % sont dans les pays les plus riches. Si la tendance se maintient, une bonne partie de la planète devra attendre 2022, voire 2023.

Ce qui n’est pas vraiment prudent face à un virus qui refuse de reconnaître les frontières. Des pressions commencent à se faire plus fortes pour que les gouvernements obligent les compagnies pharmaceutiques, dont les vaccins ont été autorisés, à partager leurs brevets. C’est-à-dire à les obliger à céder leur « recette » à d’autres compagnies, pour que celles qui sont dotées des installations appropriées puissent produire à leur tour des vaccins. Mais depuis l’été dernier, des pays comme les États-Unis et le Canada ont résisté à ces demandes, alléguant qu’elles nuiraient à l’esprit « de recherche et d’innovation ».

Déjà, l’Inde et l’Afrique du Sud, avec l’appui de dizaines de pays, ont tenté d’amener l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce, alléguant que l’urgence sanitaire justifie une exception aux ententes internationales sur la protection de la propriété intellectuelle.

Car c’est là que ça bloque. On a beaucoup évoqué ces derniers mois le fait que les pays les plus riches avaient réservé plus de doses qu’ils n’avaient d’habitants, et qu’ils étaient réticents à en céder tant que leurs populations ne seraient pas vaccinées. Mais une levée de l’impasse sur les brevets pourrait avoir pour conséquence que certaines usines pharmaceutiques pourraient rapidement se mettre à produire certains des vaccins contre la COVID, sans encourir le risque d’être poursuivies pour violation du droit international.

Les compagnies comme Moderna ou Pfizer sont les plus susceptibles de faire de la résistance, parce que derrière ces nouveaux vaccins à ARN, il y a une méthode de « livraison » dans la cellule qu’elles espèrent employer dans le futur pour produire plus vite et plus efficacement de nouveaux vaccins contre d’autres maladies. Il faut aussi se rappeler qu’un vaccin est plus difficile à « copier » qu’un médicament, puisque la « recette », en plus d’être un assemblage de divers composés, comporte aussi la façon dont le vaccin doit se rendre au bon endroit.

Une demande avait été déposée à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès mai dernier, par quatre pays et plusieurs associations internationales, pour que l’OMS soutienne l’idée d’un vaccin comme « bien public » qui serait donc distribué gratuitement. Il se serait agi d’une simple déclaration de principes, mais elle a été rejetée par les États-Unis.

Quant à l’alliance internationale COVAX, créée spécialement dans le but d’élargir aux pays les plus pauvres l’accès aux vaccins, elle n’aura la capacité de vacciner que 20 % de la population de ces pays d’ici la fin de 2021, et encore fait-elle face pour l’instant à un déficit de 2 milliards $ par rapport au budget prévu pour atteindre cet objectif. En plus du fait que COVAX est dépendante des doses que les pays comme les États-Unis ou l’Union européenne accepteront de ne pas garder pour eux. Les toutes premières doses payées par cette initiative ont été administrées au Ghana et en Côte d’Ivoire au début du mois.

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