La saison de la grippe anormalement faible en 2020, en raison de toutes les mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, pourrait favoriser la résurgence d’autres virus respiratoires cet été, préviennent des pédiatres.

Dans une lettre publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, des experts de l’Institut de recherche du BC Children’s Hospital affirment que le Canada pourrait observer une hausse des cas de virus respiratoire syncytial (VRS) chez les poupons et les jeunes enfants. Des vagues similaires ont été rapportées en Australie et aux États-Unis au moment où ces pays ont mis fin à leurs restrictions sanitaires.

Selon le Dr Pascal Lavoie, co-auteur de la lettre, les mesures mises en place pour limiter la propagation du coronavirus, comme la distanciation physique et le lavage fréquent des mains, auraient grandement aidé à réduire la circulation du VRS et de la grippe l’hiver dernier.

Le VRS est l’un des virus du rhume les plus communs chez les adultes et les enfants en hiver, précise le Dr Lavoie. La plupart des enfants ont été exposés au virus, qui se manifeste comme un rhume de faible intensité, dès l’âge de deux ans. Ils peuvent ainsi développer une immunité à la maladie.

Dans la lettre publiée par les pédiatres, on indique que 239 résultats positifs au VRS ont été recensés lors de la plus récente saison froide sur un total de 339 627 tests de dépistage.

À titre comparatif, la saison 2019-2020 avait révélé 18 860 résultats positifs sur 412 861 tests.

Le Dr Lavoie explique qu’en raison du trop faible nombre de cas de VRS l’hiver dernier, les bébés nés pendant la pandémie pourraient ne pas y avoir été exposés et donc ne pas avoir pu développer d’anticorps pour le combattre. Ce qui les laisse plus vulnérables.

« En Australie, ils n’ont pas seulement constaté une résurgence du VRS, mais aussi une hausse de cas chez des bébés plus âgés que ce que l’on voit habituellement. Ce qui laisse croire à un changement dans la vulnérabilité », a-t-il mentionné.

Malgré tout, le pédiatre rassure les parents, ce virus n’a rien d’inquiétant dans la majorité des cas.

« Pour la majorité des bébés en santé nés à terme, ce n’est qu’un rhume, mentionne le Dr Lavoie. Un faible pourcentage peut devoir être hospitalisé parce que la congestion les empêche de se nourrir ou de respirer adéquatement. »

Le VRS peut s’avérer menaçant chez les bébés vulnérables, comme les grands prématurés ou ceux qui souffrent de maladies pulmonaires ou cardiaques. Un passage aux soins intensifs peut alors être nécessaire.

Un traitement visant à stimuler la production d’anticorps est normalement offert par les pédiatres aux bébés vulnérables lorsque le VRS circule fortement en hiver.

Toutefois, le Dr Lavoie et ses collègues ont tenu à lancer cette mise en garde à la communauté médicale parce qu’il est rare que l’on assiste à l’émergence de ce virus en été.

Et si les cas de grippe saisonnière ont chuté drastiquement pendant la pandémie, le Dr Lavoie ne croit pas que cela n’ait d’impact sur la capacité immunitaire des enfants.

Il souligne qu’un enfant en santé devrait voir son système immunitaire s’ajuster dès qu’il sera à nouveau exposé à l’influenza.

« Il n’y a pas d’affaiblissement du système immunitaire dû au fait de ne pas être exposé à un virus. »