(Toronto) Des recherches menées dans plusieurs pays sur le potentiel des anticoagulants pour traiter les patients modérément malades de la COVID-19 se sont avérées si concluantes que l’on devrait immédiatement commencer à utiliser ces médicaments, croient les participants canadiens à l’étude.

Les chercheurs du Réseau d’hôpitaux universitaires de Toronto affirment que les résultats provisoires d’essais cliniques menés dans plus de 300 hôpitaux sur cinq continents suggèrent que les anticoagulants à dose complète pourraient éviter de manière significative les cas graves — précisément ceux qui exercent une pression énorme sur les soins intensifs des établissements.

L’étude a porté sur plus de 1300 patients modérément malades, mais admis à l’hôpital, dont certains à Toronto. Les chercheurs estiment que des doses complètes de l’anticoagulant héparine ont amélioré l’état du patient et diminué le recours au respirateur. La dose complète était également plus efficace que la dose plus faible généralement administrée pour éviter les caillots sanguins chez les patients hospitalisés.

L’intensiviste Ewan Goligher, qui a participé à l’étude internationale, affirme que ces résultats pourraient transformer considérablement les soins prodigués aux malades de la COVID-19.

« Après avoir soigné tant de patients gravement malades de la COVID-19 et observé la souffrance des patients et de leurs proches, il est extrêmement gratifiant que nous ayons tous ensemble découvert un traitement qui peut empêcher les patients de tomber gravement malades et peut améliorer leur rétablissement », a expliqué vendredi le docteur Goligher dans un communiqué.

Les traitements sont rares

Ryan Zarychanski, professeur agrégé à l’Université du Manitoba, hématologue et médecin aux soins intensifs, estime que ces résultats sont prometteurs. « Alors que cette maladie offre un nombre limité de thérapies efficaces, nos résultats pourraient définir dans le monde une nouvelle façon de traiter les patients hospitalisés de la COVID-19, mais modérément malades. »

Au début de la pandémie, les médecins avaient remarqué chez les patients atteints de la COVID-19 une augmentation des caillots sanguins et des inflammations, qui peuvent de leur côté entraîner des complications comme l’insuffisance pulmonaire, la crise cardiaque ou l’accident vasculaire cérébral.

Mais en décembre dernier, des chercheurs ont découvert que l’administration d’anticoagulants à dose complète à des patients aux soins intensifs gravement malades de la COVID-19 ne donnait pas de bons résultats — ce traitement s’avérait en fait nocif.

La nouvelle étude semble toutefois démontrer que l’anticoagulant donnerait par contre de bons résultats pour les patients qui sont modérément malades de la COVID-19.

Les essais cliniques ont été financés par de grandes agences nationales de recherche scientifique, notamment les instituts de recherche en santé du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie.