La barrière entre le système sanguin et le cerveau est difficile à franchir, pour protéger les fragiles et précieux neurones. Cela complique l’envoi de médicaments pour des maladies cérébrales. Des chercheurs montréalais ont mis au point une nouvelle manière d’envoyer des médicaments au cerveau, avec des nanoparticules.

« La barrière hémato-encéphalique qui sépare le système sanguin du cerveau est difficile à franchir », explique Charles Ramassamy, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), auteur principal de l’étude qui vient d’être publiée dans le Journal of Controlled Release. « Ça protège le cerveau. Mais ça signifie qu’il faut utiliser des doses plus fortes de médicaments pour qu’une quantité suffisante franchisse la barrière. Il y a souvent une interruption des traitements pour les maladies du cerveau, en chimiothérapie par exemple, à cause de cette forte dose et de la toxicité qu’elle entraîne parfois. »

L’avantage de la nanoparticule utilisée par M. Ramassamy pour franchir la barrière hémato-encéphalique est qu’elle est déjà approuvée par l’agence de réglementation des médicaments aux États-Unis (FDA). Son étude montre que ces nanoparticules franchissent aisément cette barrière chez le poisson-zèbre, un modèle animal très semblable à l’humain sur ce point. Détail intéressant, le poisson-zèbre a un corps transparent qui permet de voir le trajet des nanoparticules.

La nanoparticule est faite d’acide polylactique, une molécule facilement éliminée par le corps humain, et recouverte de polyéthylène glycol, qui agit comme un écran pour protéger les nanoparticules du système immunitaire humain.

Quelle est la prochaine étape ? « On va utiliser des modèles animaux plus évolués avant de passer à l’humain », dit M. Ramassamy. Il faudra donc au moins trois à cinq ans avant une première application clinique chez l’humain, même si tout va comme sur des roulettes pour tous les autres essais cliniques.

Les chercheurs de l’INRS aimeraient en outre que les nanoparticules puissent viser des cellules spécifiques du cerveau, pour minimiser encore davantage l’exposition des cellules saines du cerveau aux médicaments pour les cellules malades. « On attache certains ligands spécifiques de la membrane des cellules ciblées, dit M. Ramassamy. C’est un autre défi à relever. »

Les chercheurs de l’INRS sont spécialisés dans la recherche sur les nouveaux traitements pour les maladies neurodégénératives comme l’alzheimer ou le parkinson. Ils pensent cependant que leurs travaux serviront aussi aux traitements oncologiques.