(Montréal) Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) accroît le risque pour une femme enceinte de souffrir de diabète et d’hypertension, ont constaté des chercheurs de l’Université McGill.

Le problème touche environ une femme en âge de procréer sur dix.

L’auteur principal de l’étude, le docteur Michael Dahan, et ses collègues se sont intéressés à plus de neuf millions d’accouchements survenus aux États-Unis entre 2004 et 2014.

« On a pu voir l’effet de la maladie elle-même pour la première fois sur le risque de développer certaines complications de grossesse », a dit le docteur Dahan, qui est également professeur adjoint au département d’obstétrique et de gynécologie de McGill.

Dans un premier temps, explique-t-il, le simple fait d’être enceinte augmente le risque pour une femme de développer une résistance à l’insuline et de souffrir de diabète.

Toutefois, les études précédentes portant sur le sujet n’avaient pas été en mesure de prendre en considération l’impact du surplus de poids, un problème de plus en plus fréquent en Amérique du Nord qui accroît également le risque de résistance à l’insuline.

L’équipe du docteur Dahan a donc pu contrôler le surplus de poids et l’obésité, et ils ont remarqué que le SOPK augmente le risque d’avoir un diabète de grossesse.

« La résistance à l’insuline qu’elles ont démontre déjà des impacts importants sur la santé, a dit le docteur Dahan. Alors quand elles tombent enceintes, le fait qu’il y ait déjà cet impact important dans ce groupe de patientes a fait que le risque pendant la grossesse a augmenté d’un niveau qu’on n’aurait jamais cru. »

Les chercheurs ont aussi constaté que certaines femmes souffrant déjà d’hypertension allaient en plus souffrir de prééclampsie — l’hypertension de grossesse — pendant qu’elles sont enceintes.

« On a remarqué que le risque d’avoir une prééclampsie superposée sur une hypertension augmentait de 500 % si une femme avait le syndrome des ovaires polykystiques, a commenté le docteur Dahan. C’est une augmentation immense. »

Le problème est d’autant plus grave que le seul moyen de soigner la prééclampsie est de provoquer l’accouchement, ce qui augmente les risques de problèmes de santé pour l’enfant.

Les chercheurs ont également découvert que les femmes enceintes atteintes du SOPK étaient plus susceptibles d’avoir eu recours à des traitements de fécondation in vitro et de donner naissance à un enfant présentant une anomalie congénitale que les femmes enceintes exemptes de ce syndrome.

Cette étude devrait permettre d’assurer un meilleur suivi et un meilleur encadrement des femmes enceintes, croit le docteur Dahan.

« Si une femme présente un syndrome des ovaires polykystiques et a une hypertension chronique avant de tomber enceinte, il serait important qu’elle se mette plus en forme, qu’elle réduise sa résistance à l’insuline en faisant plus d’exercice, en perdant son surplus de poids, ça va beaucoup réduire ses risques pendant la grossesse », a-t-il expliqué.

L’étude démontre aussi que le syndrome lui-même augmente les risques pendant la grossesse, même chez les femmes qui n’ont pas un surplus de poids, a-t-il ajouté.

« Il est important de suivre ces patientes de façon plus proche, plus dirigée, pour détecter ces problèmes qui pourraient arriver en grossesse et éviter des complications », a dit le docteur Dahan.

Cette étude a été publiée dans le journal médical Human Reproduction.