La robotique nautique fait des pas de géants. Au départ réservés aux scientifiques, les drones autonomes font maintenant l’entretien de voies d’eau et de navires. Des porte-conteneurs sans pilote sont même envisagés.

Lego sur l’eau

Les ingénieurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont imaginé avec des collègues néerlandais une flotte de « roboats » capables de se réassembler dans différentes configurations. Ils peuvent ainsi former des convois capables de transporter des marchandises, nettoyer les déchets sur les canaux, voire former des ponts ou des scènes temporaires. Le projet est né en 2016, et l’an dernier, une version à bas coût produite sur une imprimante 3D a été lancée. L’algorithme de réassemblage autonome de plusieurs unités ensemble, qui gère aussi leur navigation, a été présenté l’hiver dernier à un symposium international de l’IEEE, l’association des ingénieurs électriques.

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Capturer des méduses

IMAGE FOURNIE PAR HARVARD/CUNY

Impression d’artiste d’un robot équipé de pinces chasseuses de méduses.

Les cellules des méduses offrent des trésors aux scientifiques, mais la difficulté de les capturer sans les endommager leur a valu le surnom de « faune oubliée ». Des ingénieurs des universités Harvard et de la Ville de New York (CUNY) viennent de mettre au point un drone sous-marin capable d’enrober une méduse avec les « doigts » filiformes d’une pince hydraulique ultrasensible. Les pinces des drones sous-marins actuels ont été mises au point pour l’industrie pétrolière et minière et sont donc calibrées pour une prise ferme. Les méduses sont composées à 95 % d’eau. Des gènes de bioluminescence utilisés dans les études génétiques ont notamment été tirés de méduses. Le drone chasseur de méduses, qui est capable d’une pression de 0,0455 kilopascal (kPA), contre 1 kPA pour les pinces actuelles, a été dévoilé ce printemps dans la revue Science Robotics et a été testé à l’aquarium de la Nouvelle-Angleterre, à Boston. Il connaîtra son baptême du feu cet automne dans la grande barrière de corail, en Australie, à bord du navire de recherche Falkor.

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Géant autonome

PHOTO FOURNIE PAR YARA

Le Yara Birkeland durant des tests en Norvège

Un premier porte-conteneurs autonome est en train d’être construit en Norvège et en Roumanie. Le Yara Birkeland entrera en service en 2021. Il pourra naviguer le long des côtes de manière autonome, parce que dans les océans, la réglementation, gérée par l’Organisation maritime internationale, n’autorise pas encore les drones de cette taille. Le Yara Birkeland sera utilisé par un géant agricole norvégien et devrait réduire les coûts de transport des marchandises de 30 %, a indiqué l’entreprise Yara dans un communiqué l’hiver dernier.

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Éboueur portuaire

PHOTO FOURNIE PAR RANMARINE

Le drone Waste Shark en action dans le port de Rotterdam

PHOTO FOURNIE PAR RANMARINE

Le drone Waste Shark en action dans le port de Rotterdam

Le port de Rotterdam a commencé l’automne dernier à nettoyer la surface de ses eaux avec un drone. Le Waste Shark, conçu par la PME RanMarine, peut gober 500 kg de déchets avant de devoir être vidé. Le Waste Shark enregistre aussi des données de qualité de l’eau et de profondeur pour mieux planifier le dragage, ainsi que des données météorologiques.

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Météo marine

PHOTO FOURNIE PAR XOCEAN

Le drone hydrographique et météorologique de XOcean

Les prévisions météorologiques marines sont sur le point d’être chambardées par les drones. Une entreprise irlandaise de robotique, XOcean, vient coup sur coup de lancer un drone capable de rester en mer 18 jours et de relayer par satellite les données de capteurs, et d’acquérir l’entreprise écossaise 4D Ocean, qui met au point ces capteurs météorologiques et hydrographiques. Créée en 2017, XOcean a vendu 22 drones depuis un an et vient d’ouvrir un bureau à Halifax, d’où elle couvrira toute la côte atlantique américaine et canadienne.

Un robot-corail

MPHOTO FOURNIE PAR MARINA PILZ DA CUNHA

Le robot inspiré de coraux de l’Université de technologie d’Eindhoven

Des ingénieurs hollandais viennent de dévoiler un robot inspiré des coraux, qui bouge en réaction à la lumière et aux champs magnétiques dans l’eau qui l’entoure. Ce robot cubique de 1 cm de côté est doté de filaments qui le propulsent. Le « polype sans fil aquatique » de l’Université de technologie d’Eindhoven, décrit à la mi-juillet dans la revue PNAS, sera utilisé pour enlever les contaminants – comme les hydrocarbures – de l’eau. Il pourrait aussi être utilisé pour prélever des échantillons organiques pour des analyses. Les tentacules des coraux utilisent la lumière et le magnétisme pour bouger et capturer leur nourriture.

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