Les rats sont aussi sensibles à l’« effet du témoin ». Il s’agit d’un phénomène où un individu n’aide pas un congénère en difficulté si des témoins indifférents sont présents.

« Dans le contexte des récentes manifestations, ces résultats permettent de comprendre pourquoi la police n’aide pas des manifestants blessés et l’aide apportée à ces blessés par d’autres manifestants », explique John Havlik, un neurobiologiste de l’Université de Chicago qui est l’auteur principal de l’étude publiée mercredi dans la revue Science Advances.

Les chercheurs de l’Université de Chicago étudient depuis plus de dix ans l’empathie chez le rat, sous la direction de la chercheuse Peggy Mason. En 2011, ils avaient montré dans la revue Nature qu’un rat va apprendre plus vite à ouvrir la porte d’une cage si cela aide un congénère emprisonné à en sortir (première partie de la vidéo ci-haut). Cette fois, ils montrent qu’en présence d’autres rats (en rouge et en bleu dans la deuxième partie de la vidéo ci-haut) génétiquement incapables d’empathie (et donc d’aider un congénère emprisonné), un rat habituellement empathique (en vert) n’aidera pas le prisonnier à sortir de sa cage.

Ces études servent à appuyer la notion d’« effet du témoin », observé de manière anecdotique chez l’humain, mais difficile à étudier dans des expériences contrôlées pour des raisons éthiques. L’effet du témoin a été postulé par des psychologues américains après un meurtre qui avait fait grand bruit à New York en 1964. Une jeune femme, Kitty Genovese, avait été poignardée alors que plusieurs personnes observaient le meurtre depuis leur fenêtre, sans appeler la police. La notion qui indique que personne n’a aidé Mme Genovese en 1964 a depuis été discréditée, mais la validité de l’effet du témoin continue d’être confirmée.

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Kitty Genovese