(Washington) Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mardi avoir accordé 1,6 milliard de dollars à la biotech américaine Novavax pour son projet de vaccin contre la COVID-19, garantissant aux États-Unis la priorité des 100 millions de premières doses en cas d’efficacité prouvée.

L’administration de Donald Trump a lancé l’opération « Warp Speed » (« au-delà de la vitesse de la lumière ») pour tenter de produire 300 millions de doses d’un vaccin d’ici janvier 2021, afin de vacciner les Américains en priorité. À la différence de l’Europe et d’autres pays, les États-Unis jouent cavalier seul et ne participent pas à des levées de fonds internationales.  

Le gouvernement américain a investi des milliards de dollars dans les projets rivaux de plusieurs biotechs et de laboratoires, fondés sur des technologies différentes, pour en financer les essais cliniques et, en parallèle, la construction de sites de fabrication à très grande échelle. Sans compter l’achat de 92 % de la production de l’antiviral remdesivir jusqu’à septembre, premier médicament ayant prouvé une relative efficacité sur les malades de la COVID-19.

« L’opération Warp Speed crée un portefeuille de vaccins pour augmenter les chances que nous ayons au moins un vaccin sûr et efficace dès la fin de l’année », a déclaré Alex Azar, secrétaire à la Santé.

L’investissement des ministères de la Santé et de la Défense dans Novavax, basée au Maryland, devrait garantir la fabrication de 100 millions de doses à la fin de cette année, à utiliser dans des essais cliniques et, éventuellement, pour une campagne de vaccination en cas d’homologation.

« Nous sommes honorés du partenariat avec l’opération Warp Speed pour faire avancer notre projet de vaccin avec une urgence extraordinaire, dans le but de fournir une protection vitale à la population de notre pays », a déclaré Stanley Erck, PDG de Novavax.

Novavax a commencé ses essais cliniques sur 130 personnes en Australie en mai, avec l’aide de financements de la CEPI, une coalition publique-privée consacrée au financement de vaccins ; les résultats n’en sont pas encore connus. Elle devrait lancer l’essai dit de phase 3 (la dernière et plus grande) à l’automne, avec jusqu’à 30 000 participants, selon un communiqué. Son projet de vaccin s’appelle NVX‑CoV2373.

Les États-Unis avaient auparavant investi plus de deux milliards de dollars dans les projets de vaccins de Johnson & Johnson (456 millions), Moderna (483 millions) et AstraZeneca (1,2 milliard, en partenariat avec Oxford), ces deux derniers étant les plus avancés. Le laboratoire français Sanofi avait reçu un petit contrat en février (30 millions) mais on ignore s’il a été retenu dans « Warp Speed ».

L’opération, selon le ministère de la Santé le 16 juin, avait initialement sélectionné 14 projets, ramenés ensuite à sept (la liste complète n’est pas publique).

Les États-Unis ont aussi investi dans d’autres sociétés pour augmenter la capacité d’usines de production pharmaceutique, ainsi que la fabrication de seringues et de flacons en verre qui seront nécessaires pour distribuer les futurs vaccins et traitements.  

Mardi, Washington a également accordé 450 millions de dollars à la société Regeneron pour son traitement expérimental (REGN-COV2) contre la COVID-19, non prouvé mais en cours d’essai à la fois sur des malades du coronavirus (aux États-Unis, au Brésil, au Mexique et au Chili), et sur des gens non infectés mais récemment exposés au virus (aux États-Unis).

Les premiers résultats pourraient être annoncés cet été. À ce jour, seuls le remdesivir et le stéroïde dexaméthasone ont démontré une efficacité sur des malades du coronavirus.