La moitié des plages du monde pourraient disparaître d’ici la fin du siècle si rien n’est fait pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Si les engagements fermes pris actuellement sont maintenus, un tiers des plages sont menacées.

Tempêtes et dégradation

Le Canada est légèrement plus à risque que la moyenne mondiale, selon l’étude européenne, publiée dans la revue Nature Climate Change lundi. « Il n’y avait pas eu d’évaluation depuis 2010 », explique l’auteur principal de l’étude, Michalis Vousdoukas de l’Institut supérieur pour la recherche et la protection de l’environnement en Italie. « Et encore, elle ne tenait pas compte de l’impact des tempêtes et de l’activité humaine sur l’érosion. » M. Vousdoukas prévient que les chiffres de l’étude font abstraction de la capacité de l’homme à empêcher l’érosion. Pour le nord-est de l’Amérique du Nord, par exemple, les plages bougeront vers l’intérieur du continent de 47 mètres d’ici 2050 si le monde respecte les engagements fermes déjà pris par les gouvernements (les accords de Paris ne constituent généralement pas un engagement ferme). « La prochaine étape est de voir plus concrètement ce qui pourrait être fait pour empêcher ce retrait des côtes », dit M. Vousdoukas.

Digues et brise-lames

La protection des côtes contre les tempêtes et les marées exceptionnelles est le moyen le plus efficace de lutter contre le retrait des plages. « Si on protège les côtes en général, on protège encore plus les plages, qui sont plus vulnérables aux mouvements des eaux », dit M. Vousdoukas. Une étude autrichienne a calculé en février que la hauteur moyenne des digues protégeant les côtes au Canada devrait passer de 4,4 à 4,6 mètres en 2050, puis à 4,8 mètres en 2100. La longueur totale des digues devrait passer de 280 km actuellement à 300 km en 2100.

Tourisme

L’adaptation sera par contre plus compliquée dans les pays tirant une bonne partie de leurs revenus du tourisme balnéaire, selon M. Vousdoukas. « Les gens peuvent déménager à l’intérieur des terres pour se protéger, aller dans les nouvelles plages qui se créeront inévitablement avec la disparition des plages actuelles. Mais pour les touristes qui se rendent dans les Caraïbes, au Mexique ou en Asie du Sud-Est pour profiter des plages, souvent il n’y aura pas de solution de rechange aux hôtels, qui devront être abandonnés. Et on parle de pays qui n’ont souvent pas les moyens d’investir beaucoup dans la protection des côtes. Alors, beaucoup de travailleurs de l’industrie touristique vont en pâtir. » En Asie du Sud-Est et en Inde, le retrait des plages sera jusqu’à deux fois plus élevé que la moyenne mondiale.

Bonnes nouvelles pour la Méditerranée

La Méditerranée devrait être relativement épargnée, avec un retrait des plages deux fois moins important que la moyenne mondiale. « Pour mon pays, la Grèce, on parle d’une perte du quart des plages dans le pire des cas. » Ce scénario-catastrophe, appelé RCP 8,5 dans le jargon de l’ONU, présume que la consommation de charbon cessera de diminuer et augmentera, que le prix des cellules photovoltaïques et des éoliennes cessera de diminuer, que le virage vers les voitures électriques mourra dans l’œuf et que le taux de natalité cessera de baisser en Afrique et augmentera en Europe et en Extrême-Orient.

De 6 à 10 milliards US

Impact financier annuel de la montée du niveau de la mer en 2050, en vertu des engagements fermes pris actuellement

De 4 à 7 milliards US

Impact financier annuel de la montée du niveau de la mer en 2050 au Canada, si les accords de Paris sont respectés

Source : Environmental Research Communications