Il y a bel et bien des séismes sur Mars, a annoncé lundi une équipe internationale de chercheurs. Les données de la sonde InSight montrent incontestablement qu’une quarantaine de séismes moyens ont eu lieu depuis un peu plus d’un an. Cela devrait aider à comprendre la structure interne de la planète rouge, notamment la taille de son noyau.  

Lave et glace

La sonde américaine InSight, qui a atterri sur Mars en novembre 2018, a enregistré 460 « événements sismiques », dont une quarantaine sont dus à des séismes de magnitude 3 ou 4. « On pensait qu’il y avait des séismes sur Mars, mais on n’en était pas certains », a expliqué Bruce Banerdt, du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de l’Institut Caltech, qui est l’auteur principal de certaines des études publiées lundi dans les revues Nature Geoscience et Nature Communications. « Maintenant, on sait qu’on va pouvoir examiner l’intérieur de Mars grâce à la propagation de ces séismes, surtout quand on va en avoir enregistré de plus forts. » Les « tremblements de Mars » ne sont pas dus aux mouvements des plaques tectoniques comme sur la Terre, mais aux mouvements de la glace et de la lave souterraine de Mars, et à l’homogénéisation des différentes régions de l’intérieur de la planète. Les études discutées lors de la téléconférence de presse à laquelle participait M. Banerdt, jeudi dernier, portaient sur 174 événements sismiques, dont 24 séismes d’intensité moyenne. Des séismes sur la Lune ont aussi été enregistrés depuis l’époque d’Apollo.

PHOTO BILL INGALLS, NASA

Bruce Banerdt

Moins forts et plus profonds

Comme les séismes martiens sont plus profonds, ils sont à peine perceptibles. « Sur Terre, on peut bien ressentir un séisme de magnitude 3 ou 4 si on se trouve à proximité », a expliqué jeudi Susan Smrekar, aussi du JPL. « Sur Mars, il faut vraiment être au-dessus de l’épicentre et se concentrer pour le ressentir sans les instruments d’InSight. »

Tourbillons de poussière

La sonde InSight (pour Exploration intérieure grâce à des enquêtes sismiques, de géodésie et de transport de chaleur), dont le budget est de 828 millions US, a aussi enregistré 10 000 tourbillons de poussière grâce à ses capteurs de pression atmosphérique. Et elle a détecté des champs magnétiques beaucoup plus forts que prévu. « On pense que ça signifie que certaines régions ont absorbé beaucoup de magnétisme quand Mars avait un champ magnétique planétaire », a expliqué durant la téléconférence de presse Catherine Johnson, de l’Université de Colombie-Britannique. « Ça nous indique que ces régions n’ont pas été chauffées à plus de 100 degrés Celsius. Sinon, elles auraient perdu leur magnétisme. »

Un pépin pour la température

Seul pépin, InSight devait plonger dans la surface de Mars un thermomètre, à une profondeur de cinq mètres. La tige s’est arrêtée à 35  cm. « On pensait que le sol serait friable comme là où les autres sondes se sont posées, a dit M. Banerdt. La friction du sable tombant dans le fond du trou devait aider à creuser. Mais il n’y a pas de sable qui tombe dans le fond, alors le pic rebondit. Nous avons essayé de le pousser avec le bras robotique d’InSight, mais nous ne sommes arrivés qu’à 40  cm. Nous tentons maintenant une dernière tactique, pousser avec le côté du bras robotique, mais il nous faut faire attention à ne pas endommager un câble sur le bras. Nous devrions en avoir le cœur net d’ici six à huit semaines. »

Hulk

À noter, M. Banerdt prononce son nom comme le personnage humain de l’incroyable Hulk. Cette homonymie n’a pas été abordée cette fois-ci, mais à une conférence de presse antérieure, il avait blagué quand on lui avait demandé si son nom se prononçait comme « Banner ». « Je dois vous prévenir, ne me mettez pas en colère. »

En chiffres

60 km : Vitesse du vent dans les tourbillons de poussière détectés par InSight

10 millions d’années : InSight a fourni la preuve que Mars connaît du volcanisme depuis moins de 10 millions d’années

SOURCE : NASA