Une étoile connue depuis des milliers d’années connaît des éclipses régulières. Alpha Draconis, qui a été l’étoile Polaire pour l’Égypte ancienne, est en fait un système binaire de deux étoiles qui passent l’une devant l’autre.

« En apparence, on peut se demander comment on s’en rend compte seulement maintenant », explique par voie de communiqué Angela Kochoska, une astronome de l’Université Villanova en Pennsylvanie qui a présenté ses résultats cette semaine lors de la 235e réunion annuelle de la Société astronomique américaine, à Honolulu. « La réponse est que les éclipses sont si brèves, six heures, que les observations à partir du sol peuvent facilement les manquer. Le télescope spatial Kepler ne les voit pas non plus parce que ses récepteurs sont saturés, l’étoile étant très brillante. » Les deux étoiles d’Alpha Draconis ont une orbite de 51 jours.

La découverte a été faite grâce au Satellite d’observation des exoplanètes en transit (TESS), un télescope spatial de la NASA lancé en 2018.

Alpha Draconis était l’étoile Polaire du IVe au IIe millénaire avant Jésus-Christ. Elle est située à 270 années-lumière dans la constellation du dragon. Sa nature binaire est connue depuis belle lurette (les premières étoiles binaires ont été identifiées au XVIIe siècle).

Comme ce système binaire était aussi connu des Arabes, une révision des noms d’étoiles en 2016 par l’Union astronomique internationale a ajouté le nom Thuban, ce qui signifie serpent, le nom arabe de la constellation. L’astronomie traditionnelle chinoise incluait ce système binaire dans une série d’étoiles appelée « Le mur droit du palais pourpre interdit », selon le Comité de liaison enseignants et astronomes (CLEA) du gouvernement français.

Une étude publiée en 2004 dans la revue Astronomy & Astrophysics avait avancé qu’une fluctuation dans la brillance d’Alpha Draconis pouvait s’expliquer par une éclipse, une théorie que les responsables de TESS ont décidé de vérifier. Les deux étoiles du système binaire sont situées plus près l’une de l’autre que Mercure ne l’est de notre Soleil.