(Houston) Après deux ans et demi de formation à la NASA, onze Américains et deux Canadiens ont rejoint vendredi le corps des astronautes qualifiés pour effectuer des vols vers la Station spatiale internationale et peut-être un jour la Lune ou Mars.

« Ces astronautes pourraient un jour marcher sur la Lune dans le cadre du programme Artémis, et peut-être que l’un d’entre eux sera parmi les premiers à marcher sur Mars », a déclaré l’administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, lors d’une cérémonie au centre spatial Johnson à Houston, au Texas.

« Ce sont les meilleurs des meilleurs », a dit Jim Bridenstine.

18 000 personnes avaient fait acte de candidature, parmi lesquels la NASA avait sélectionné 12 personnes en 2017 (un a démissionné au milieu de la formation). Ils se sont depuis formés, depuis Houston, à effectuer des sorties dans l’espace, à manipuler les outils robotiques de la Station spatiale internationale (ISS), et ils ont appris le russe-langue indispensable pour coopérer avec les cosmonautes qui cogèrent la station.

Les deux Canadiens, Jennifer Sidey-Gibbons et Joshua Kutryk, se sont formés avec les Américains, un partenariat qui remonte à 1983.

La nouvelle promotion baptisée « Turtles » (les tortues) compte au total six femmes et sept hommes aux CV exemplaires, des officiers militaires d’exception dont plusieurs ont combattu en Afghanistan ou en Irak, des scientifiques sur-diplômés, des ingénieurs et des médecins. Le groupe est d’une diversité inédite, avec des noms de famille indien, iranien, asiatique, hispanique…  

Avant de rejoindre la NASA, Jasmin Moghbeli, diplômée de MIT, d’origine iranienne, pilotait des hélicoptères. Son camarade Jonny Kim est un ancien commando Navy SEAL décoré, devenu médecin aux urgences d’un des plus grands hôpitaux du pays, à Boston. Jessica Watkins a un doctorat de géologie et a travaillé dans l’équipe du rover Mars Curiosity. Frank Rubio était médecin de l’armée et pilote d’hélicoptères Black Hawk…

« Ils sont hautement qualifiés, et d’une grande diversité, ils représentent la totalité de l’Amérique », a insisté le patron de l’agence spatiale.

Lors de la cérémonie, dans une section soigneusement préparée, chacun a vanté les qualités d’un camarade, conformes à l’image d’Épinal de l’astronaute héroïque : l’abnégation, le courage, le sang-froid, la solidarité, et la croyance que chacun, en Amérique, peut surmonter les obstacles pour réaliser ses rêves.

« Je lui confierais ma vie dans les vols spatiaux les plus audacieux », a dit de Jessica Watkins Matthew Dominick, pilote d’essai de la US Navy.

L’ISS puis la Lune

Que de chemin parcouru pour la NASA, longtemps fief masculin.

Les premiers astronautes, à la fin des années 1950, étaient tous des hommes, des pilotes d’essai militaires. Ce n’est qu’en 1983, avec Sally Ride, qu’une Américaine a volé dans l’espace, vingt ans après la Russe Valentina Terechkova.

Mais l’agence spatiale s’est rattrapée. La promotion précédente, recrutée en 2013, était déjà à moitié féminine. Deux Américaines sont actuellement à bord de l’ISS, Christina Koch et Jessica Meir.

C’est la Russie qui est à la traîne, avec une dernière promotion de cosmonautes 100 % masculine. Quant à l’Europe, sa dernière promotion recrutée en 2009 comptait une seule femme, l’Italienne Samantha Cristoforetti.

Malgré d’immenses défis financiers et technologiques, le dynamique patron de la NASA vante le retour de l’agence après des années de déprime, symbolisé selon lui par les nouveaux visages de ce qu’il appelle « la génération Artémis » – qu’il veut aussi glorieuse que la « génération Apollo ».

Artémis est le programme de retour sur la Lune dès 2024, calendrier ambitieux et incertain imposé par la Maison-Blanche. Artémis, dans la mythologie grecque, est la sœur jumelle d’Apollon (Apollo, en anglais), déesse de la nature sauvage, de la chasse et… de la Lune.

À l’agenda de 2020 figure le retour des vols habités vers l’ISS depuis les États-Unis, neuf ans après le dernier atterrissage d’une navette spatiale, mais les deux capsules, Crew Dragon (SpaceX) et Starliner (Boeing), ne sont toujours pas certifiées.

Les 13 nouveaux astronautes seront assignés à une première mission pour dans quelques années, vraisemblablement d’abord vers l’ISS, où au moins trois Américains habitent en permanence. Le premier voyage pour la Lune ne sera pas pour eux : cette mission, Artémis 3, sera réservée à la génération précédente.