Le ver de farine peut se nourrir de styromousse sans accumuler de molécules toxiques, selon une nouvelle étude californienne. Il pourrait donc s’agir d’une source de nourriture pour de la moulée agricole.

« Nous ne nous attendions vraiment pas à cela », explique Anja Malawi, étudiante au doctorat en génie civil et environnemental à l’Université Stanford, qui est l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology. « J’ai encore peine à croire que le ver de farine peut manger ces molécules toxiques sans les accumuler dans leur corps. »

Le ver de farine est une larve de coléoptère qui vit dans des denrées alimentaires riches en amidon.

L’équipe de Stanford avait auparavant constaté que les microbes du système digestif du ver de farine étaient capables de digérer divers types de plastique, dont de la styromousse. L’objectif est d’utiliser ces vers comme source de nourriture pour remplacer les céréales et les petits poissons utilisés pour fabriquer de la moulée pour le poulet, l’aquaculture de poisson et de crevettes.

Mais il fallait d’abord voir si les composés toxiques présents dans certains types de plastique s’accumulaient dans les vers de farine. Cela aurait rendu la moulée toxique.

Les chercheurs californiens ont donné aux vers de farine de la styromousse contenant un matériau ignifuge appelé hexabromocyclododécane. Le HBCD a des effets neurotoxiques et sera interdit de la styromousse vendue en Europe sous peu. Les États-Unis et le Canada réévaluent en ce moment la toxicité du HBCD, dont 25 millions de tonnes sont produites chaque année sur la planète.

Les vers de farine de Stanford ont transformé la moitié de la styromousse ingérée en dioxyde de carbone (CO2) et ont excrété l’autre moitié sous forme de granules partiellement digérés. La presque totalité du HBCD ingéré était excrétée avec ces granules. Les ingénieurs californiens ont surveillé la santé des vers de farine et celle de crevettes à qui on donnait de la moulée produite à partir de vers de farine ayant consommé de la styromousse contenant du HBCD. Il n’y avait aucun problème dans les deux cas.