(Montréal) Un satellite lancé le mois dernier par la firme montréalaise GHGSat aurait détecté la plus petite émission de méthane jamais mesurée depuis l’espace, a appris en exclusivité La Presse Canadienne.

Le satellite GHGSat-C1, surnommé Iris, a été mis en orbite le 2 septembre. Deux semaines plus tard, il a mesuré avec succès une émission contrôlée de méthane en Alberta.

Ses mesures ont été vérifiées par un avion équipé des mêmes instruments de détection et qui survolait le site de l’émission au même moment.

« On a réussi à valider qu’on a bien détecté ce qu’on pensait détecter, c’est-à-dire le panache de méthane avec la direction du vent, l’ampleur des concentrations, etc., a expliqué en entrevue le président et fondateur de l'entreprise, Stéphane Germain. Tout était comme prévu, c’était ce qu’on s’attendait à voir. »

GHGSat anticipe maintenant de pouvoir réduire le seuil de détection (l’ampleur du panache qu’on peut voir avec des instruments) d’un autre 50 %, a-t-il ajouté, rendant Iris encore plus précis.

Le premier satellite lancé en 2016 ne détectait que les très grandes émissions, comme celles provenant de sites pétroliers ou de sites d’enfouissement, correspondant approximativement aux émissions d’un million de véhicules par année.

Iris — qui a la taille d’un four à micro-ondes et ne pèse que 16 kilos — serait déjà cinq fois plus performant que son prédécesseur, ce qui lui permettrait de voir des panaches cinq fois plus petits qu’auparavant. Il peut balayer une zone de 12 kilomètres par 12 kilomètres au sol.

« Avec quelques semaines et quelques mois de plus d’efforts, parce que c’est quand même un système assez compliqué, on s’attend à arriver à jusqu’à dix fois plus performant que le premier satellite », a confié M. Germain, qui devait participer jeudi à une conférence internationale sur les normes entourant la divulgation des émissions polluantes et l’impact sur les marchés financiers.

Le méthane est inodore et incolore, rappelle-t-il, ce qui peut rendre les fuites difficiles à repérer. De nouveaux satellites toujours plus précis devraient permettre aux entreprises de réduire leurs émissions totales en portant à leur attention différents problèmes.

Iris est le premier membre d’une nouvelle constellation de satellites à haute définition. Le prochain, Hugo, devrait aller le rejoindre plus tard cette année, et neuf autres devraient se trouver en orbite d’ici 2022.

Chaque satellite sera équipé de la technologie de détection mise au point par GHGSat et qui serait en mesure de détecter des émissions de méthane cent fois plus petites que n’importe quel autre satellite, mais avec une résolution cent fois supérieure.

Cela pourrait permettre à GHGSat de détecter des émissions de méthane provenant de sources aussi modestes qu’un petit puits d’hydrocarbures.

Les satellites de GHGSat peuvent aussi détecter les émissions de dioxyde de carbone. Le méthane et le dioxyde de carbone comptent parmi les pires gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète.

Les cinq principaux marchés de GHGSat sont celui des hydrocarbures, les centrales thermiques et hydroélectriques, les sites d’enfouissement, les mines de charbon et les troupeaux de bétail.