(Montréal) L’indice de masse corporelle (IMC) est un facteur de risque plus important que la génétique pour le diabète de type 2, ont démontré pour la première fois des scientifiques britanniques lors d’un récent congrès de la Société européenne de cardiologie.

Les chercheurs de l’Université de Cambridge avancent également que le risque de diabète de type 2 semble augmenter quand l’IMC d’un individu franchit un certain « seuil » qui varie d’une personne à l’autre. Cela pourrait expliquer pourquoi des individus ayant un poids normal souffrent de diabète, mais non des gens obèses.

« Ils nous disent que même la génétique n’est pas aussi puissante qu’un indice de masse corporelle élevé, et ça c’est nouveau », a dit la professeure May Faraj, qui dirige l’unité Nutrition, lipoprotéines et maladies cardiométaboliques de l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Les chercheurs se sont intéressés à près de 500 000 Britanniques. Ils ont constaté que ceux dont l’IMC était le plus élevé multipliaient par 11 leur risque de diabète de type 2, peu importe leur profil génétique.

L’IMC est une corrélation simple entre la taille et le poids d’un individu. Un indice entre 18,5 et 25 témoigne d’un poids santé, tandis qu’un indice supérieur à 30 est synonyme d’obésité.

Mme Faraj prévient toutefois que ce calcul a ses limites.

« L’indice de masse corporelle regroupe plusieurs choses, a-t-elle dit. Pour atteindre un IMC [élevé], peut-être que ton alimentation n’est pas de la meilleure qualité, que ta quantité d’exercice n’est pas optimale, que ton sommeil n’est pas ce qu’il devrait être, il y a peut-être d’autres facteurs aussi… »

La communauté scientifique sait depuis longtemps qu’une perte de poids peut prévenir l’apparition du diabète, et même faire disparaître la maladie une fois qu’elle s’est manifestée.

Les auteurs de la nouvelle étude sont encore à peaufiner leur notion de « seuil » au-delà duquel le risque de diabète de type 2 augmenterait, mais ici aussi, Mme Faraj émet des réserves.

« Je pense que c’est présenté de façon très simpliste, a-t-elle dit. Ce n’est pas seulement une question de l’IMC, c’est l’interaction de multiples facteurs comme la métabolisation du sucre, la métabolisation du gras, l’inflammation… Ce sont tous des facteurs derrière l’IMC.

« Un IMC de 30 pourra vouloir dire quelque chose pour vous et quelque chose de différent pour quelqu’un d’autre. Peut-être que mon risque sera plus élevé [que le vôtre], par exemple parce que je mange moins bien et que je fais moins d’exercice. Résumer ça seulement au chiffre de l’IMC est trop réducteur. »

Le plus important à retenir, poursuit-elle, est qu’il y a « toujours quelque chose à faire » pour combattre le diabète, d’autant plus que cette nouvelle étude indique que la génétique n’a pas le dernier mot.

« C’est toute une question de l’interaction entre les comportements, la génétique, la famille, tellement de choses, a-t-elle conclu. Mais pour changer votre alimentation et votre niveau d’exercice, il faut avoir la capacité mentale et psychologique de le faire. »