Quelques milligrammes de toute l’actualité scientifique de la semaine

La résistance des coraux

Des biologistes de l’Université du Mississippi ont montré, au congrès de l’AAAS à Seattle, que les coraux sont capables de résister à des coups de chaleur temporaires. Les coraux sont composés de polypes qui peuvent rétracter leurs tentacules et même leur corps dans des cavités des récifs de corail. En laboratoire, quand la température de l’eau augmente de 29 à 32 degrés Celsius, le tiers des polypes se cachent dans leur squelette calcaire et seulement 10 % étendent leurs tentacules. Dans une communication écrite (poster), les biologistes américains précisent que l’extension des tentacules est nécessaire pour que les polypes se nourrissent, et donc qu’une augmentation permanente de la température de l’eau peut vaincre les moyens de résistance des coraux. Les tests ont été faits avec des coraux du golfe du Mexique, près du Yucatán.

Quiz

Q. De combien d’années des paléobotanistes ont-ils repoussé le début du commerce de céréales entre la Chine et le Moyen-Orient ?

PHOTO FOURNIE PAR XINYING ZHOU

Des fouilles de l’Institut de paléoanthropologie et de paléontologie vertébrée de Pékin dans les cavernes de Tangtian, dans le sud de la Chine, en 2016

R. De trois millénaires, grâce à des graines d’orge, de millet et de blé retrouvées dans un site du nord-ouest de la Chine. Cet emplacement a fait plus tard partie de la route de la Soie qui permettait à la Chine et à l’Europe de commercer il y a 2000 ans. Le site des montagnes Altaï, décrit par des paléontologues allemands et chinois à la mi-février dans la revue Nature Plants, montre qu’une « proto-route de la Soie » existait 3000 ans avant Jésus-Christ et a permis de diffuser la culture du blé du Moyen-Orient vers l’est et du millet chinois vers l’ouest. Jusqu’à maintenant, une route méridionale par l’Inde était plutôt envisagée pour la diffusion de ces céréales de l’Asie vers le Moyen-Orient, et vice-versa.

Le chiffre

De 2 à 6 mètres

PHOTO FOURNIE PAR LA COMMISSION GÉOLOGIQUE EUROPÉENNE

Les monts Patriot, dans la chaîne Ellsworth, en Antarctique

C’est l’augmentation du niveau de la mer d’ici l’an 3000 qui sera attribuable à la fonte des glaciers de l’Antarctique Ouest, selon une nouvelle étude australienne. À la mi-février dans la revue PNAS, les climatologues de l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud expliquent avoir trouvé les premières preuves de la fonte des glaciers de l’Antarctique Ouest il y a 130 000 ans, juste avant une ère interglaciaire qui a duré 15 000 ans. Les preuves sont constituées de bactéries emprisonnées dans les glaciers voisins des monts Patriot, en Antarctique, qui montrent une fonte accélérée des glaces à un moment où la température des océans avait augmenté. Les climatologues australiens ont pu faire ces prédictions en incorporant ces nouvelles informations dans les modèles actuels.

Les émissions du trafic polaire

PHOTO FOURNIE PAR LA GARDE CÔTIÈRE CANADIENNE

Les brise-glaces Terry Fox et Louis Saint-Laurent de la garde côtière canadienne en Arctique.

La fonte de la banquise arctique va augmenter le trafic maritime dans la région, parce qu’il s’agit d’un itinéraire plus court pour aller de l’Asie vers l’Europe. Mais ce raccourci ne diminuera pas beaucoup les émissions du transport maritime, selon une nouvelle analyse de l’Université du Delaware présentée au congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), à la mi-février à Seattle. Les émissions des navires qui empruntent ce raccourci baissent en moyenne de 10 %, expliquent les ingénieurs civils américains dans une communication écrite (poster). Mais seulement 20 voyages sur les 520 000 analysés feraient épargner de l’argent en naviguant par l’Arctique, parce que le risque de rencontrer un iceberg y rend la navigation plus coûteuse. En postulant une taxe internationale de 5 $ par tonne de carbone (la taxe canadienne sur les émissions est de 20 $ par tonne de carbone et grimpera à 50 $ en 2022), l’analyse considère que quatre fois plus de porte-conteneurs emprunteront l’Arctique. Le transport maritime est responsable de 2,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

À la recherche du carbone perdu

PHOTO D. LUQUET, FOURNIE PAR IMEV

Un robot flotteur-profileur de type BGC-Argo équipé de capteurs biologiques et chimiques, qui peut réaliser des mesures entre la surface de l’océan et 2000 mètres de profondeur.

Des chercheurs français et britanniques ont retrouvé la trace du « carbone perdu » dans l’océan. Le phytoplancton transforme une partie du CO2 de l’atmosphère en matière organique, en carbone, qui coule ensuite. Mais les biologistes n’avaient réussi jusqu’à maintenant qu’à retracer les deux tiers de ce carbone produit par le plancton dans les profondeurs des océans. Grâce à des robots analysant l’eau des différents océans entre 100 et 1000 m de profondeur, une équipe du CNRS a démontré à la mi-février dans la revue Science que le « carbone perdu » se désintègre en particules très fines, ce qui explique qu’il n’avait pas pu être mesuré avec des instruments moins précis.