Les baleines à bosse mangent en moyenne 60 % des bancs d’anchois qu’elles rencontrent, selon une nouvelle étude californienne. Ce taux de succès est atteint par une ruse : la baleine n’ouvre la bouche qu’à la dernière minute pour ne pas effrayer ses proies.

« Les baleines à fanons ont besoin de grandes concentrations de proies pour se nourrir efficacement », explique par voie de communiqué le biologiste Davie Cade, de l’Université Stanford, qui est l’auteur principal de l’étude publiée juste avant Noël dans la revue PNAS. « Mais les bancs de poissons pourraient facilement se disperser si elles sentaient la menace. Nous avons voulu voir pourquoi les anchois ne fuient pas quand s’approche ce prédateur énorme et relativement lent. »

La baleine à bosse nage environ à la vitesse d’un joggeur. Les anchois dépendent pour s’enfuir de la perception du trou noir qui se forme quand la baleine ouvre la bouche pour avaler l’eau. La baleine évacue ensuite l’eau à travers ses fanons, qui emprisonnent ses proies. La baleine à bosse n’ouvre la bouche à la dernière minute qu’en présence d’anchois : quand elle traverse un banc de krill, des crustacés incapables de fuir, elle ouvre la bouche plus tôt.

Les chercheurs californiens ont étudié en laboratoire la réaction de l’anchois à l’approche d’une baleine. Il ne montrait aucun signe de stress jusqu’à ce que le trou noir correspondant à la bouche de la baleine ne s’agrandisse rapidement. Les biologistes de Stanford ont appelé cette expérience une « baleine virtuelle ».

« L’une des innovations de l’étude était d’utiliser l’observation des baleines pour mettre au point la modélisation de l’interaction baleine-anchois en laboratoire, dit M.  Cade. Cela nous a permis de découvrir la distance à laquelle l’anchois répond à la vue d’un prédateur. Les données de laboratoire permettent de voir la proportion des anchois d’un banc qui pourront échapper à ce prédateur. »