Un médicament utilisé couramment pour traiter le diabète de type 2 pourrait aider à prévenir le développement du cancer de l’ovaire, révèle une nouvelle étude canadienne.

L’étude publiée mercredi dans la revue médicale Clinical Cancer Research indique que la métformine pourrait arrêter et éventuellement inverser la cicatrisation des ovaires qui se produit avec l’âge.

L’auteur principal Curtis McCloskey, qui est actuellement chercheur postdoctoral au Centre de cancérologie Princess Margaret de Toronto, a expliqué que l’un des principaux facteurs de risque de cancer de l’ovaire est le nombre d’ovulations qu’une femme a subies au cours de sa vie.

M. McCloskey, qui a réalisé l’étude alors qu’il était étudiant au doctorat à l’Université d’Ottawa, ajoute que c’est pourquoi la pilule contraceptive, qui bloque l’ovulation, réduit le risque de maladie des femmes.

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Curtis McCloskey

« L’ovaire est constamment en changement, en croissance et en rétraction, a précisé M. McCloskey. Cela (fait) que l’ovaire doit essentiellement se réparer. Lorsque cela se produit à plusieurs reprises, vous pouvez avoir des cicatrices […] ou une fibrose. »

L’équipe de recherche a examiné 27 ovaires prélevés chez des femmes âgées de 21 à 82 ans. Selon M. McCloskey, la plupart des ovaires de femmes ménopausées étaient fibreux.

Mais il y avait une exception : l’ovaire d’une femme de 69 ans.

« J’étais enthousiasmé par le fait que plusieurs des ovaires que j’étudiais cadraient avec l’hypothèse selon laquelle nous avions supposé que les femmes ménopausées auraient davantage de cicatrices », a déclaré M. McCloskey.

« Et puis un ovaire ressemblait à de jeunes ovaires […] et j’étais comme : “Urg, mon hypothèse n’est peut-être pas tout à fait vraie”. »

Après avoir consulté le pathologiste de l’équipe de recherche, ils ont découvert que la femme était atteinte de diabète de type 2 et prenait de la métformine depuis longtemps.

« Cela a fait sonner plusieurs cloches parce que je connaissais une étude réalisée en 2015 qui démontrait que les femmes diabétiques prenant de la métformine avaient jusqu’à 80 % moins de risques de développer un cancer de l’ovaire », a-t-il dit.

« Et peu d’études ont suivi la manière dont cela pourrait se produire. »

Barbara Vanderhyden, la présidente de la recherche sur le cancer de l’ovaire à l’Université d’Ottawa qui a participé à l’étude, affirme que cette découverte est prometteuse, car la fibrose crée une niche dans laquelle les cellules cancéreuses aiment vivre et se développer.

« Bien sûr, s’il n’y a pas de cellules cancéreuses dans les environs, ce n’est pas un problème. Mais s’il y a des cellules cancéreuses qui s’y développent ou s’y installent, vous courez un risque plus élevé que des tumeurs commencent à se développer à cet endroit », a expliqué Mme Vanderhyden.

Le cancer de l’ovaire est le cinquième cancer le plus fréquent chez les femmes et parmi les plus mortels, avec un taux de survie à cinq ans de 45 %. Les femmes qui ont des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire ou une mutation du gène BRCA courent le plus grand risque de contracter la maladie, a rappelé Mme Vanderhyden.

« Il n’est pas très courant de détecter le cancer à un stade précoce et les issues ne diffèrent pas de ceux diagnostiqués un peu plus tard, a-t-elle dit. La seule stratégie de prévention actuellement en vigueur est le retrait des tissus reproducteurs, ce qui est évidemment une solution assez dramatique. »

Bien que les contraceptifs oraux réduisent également le risque de cancer de l’ovaire, cela n’est pas aussi efficace que de prélever les ovaires et les trompes de Fallope, a ajouté Mme Vanderhyden.

« Notre objectif est de trouver un juste milieu, où les femmes qui ont encore des enfants ou qui veulent avoir des enfants, mais qui sont connues pour être à haut risque, pourraient prendre quelque chose qui réduirait ce risque jusqu’à ce qu’elles se sentent plus à l’aise de se faire enlever leurs tissus reproducteurs », a-t-elle expliqué.

M. McCloskey espère voir les scientifiques aller plus loin dans cette étude en examinant les patientes de manière non invasive.

Il suggère de faire des tests similaires à une mammographie pour détecter l’état des ovaires d’une femme et de lui donner de la métformine pendant un an pour voir si la fibrose disparaît.

« Je pense qu’une telle méthode devrait être mise au point pour contrôler si le médicament fait ce que nous pensons qu’il fait chez les patientes. »