Ils scrutent en solitaire les tréfonds des océans, arpentent les cours d’eau pour en surveiller la qualité et sauvent même les coraux. Les robots des mers sont de plus en plus nombreux à en sillonner la surface et les profondeurs, ouvrant des possibilités inouïes aux autorités et aux chercheurs.

Des larves de corail

Des ingénieurs australiens ont adapté ce printemps un robot tueur d’étoiles de mer néfastes pour les récifs de corail, RangerBot, pour fertiliser les récifs avec des larves des petits animaux qui les composent. LarvalBot automatise une technique de fertilisation mise au point par les chercheurs de l’Université de technologie du Queensland (QUT), indiquaient-ils en juin dans un communiqué. LarvalBot peut transporter 100 000 larves à la fois et pourrait augmenter cette capacité à un million de larves. L’équipe de la QUT a remporté cet hiver un prix de la Fondation de la Grande Barrière de corail pour son RangerBot.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE TECHNOLOGIE DU QUEENSLAND

Le LarvalBot

Le col bleu catamaran

Une entreprise ontarienne, Clearpath Robotics, a lancé cette année un drone-catamaran capable de surveiller la qualité de l’eau des cours d’eau, la quantité de sédiments dans les voies navigables ou les bassins de débordement anti-inondations. Heron est l’un des premiers drones programmables dont le code source est accessible pour tous les clients, ce qui en fait un favori des départements de robotique. Le prestigieux Massachusetts Institute of Technology, par exemple, a mis six Heron de Clearpath à la disposition de ses étudiants. Clearpath a été fondée en 2009 à Kitchener.

PHOTO FOURNIE PAR CLEARPATH ROBOTICS

Le drone-catamaran Heron

Un robot sanguin

Des ingénieurs de l’Université Cornell ont mis au point le premier robot sous-marin hydraulique se servant d’un liquide interne pour générer de l’énergie et se propulser. Dans la revue Nature à la mi-juin, ils décrivent comment le liquide à l’intérieur du drone-poisson réagit chimiquement avec certains éléments des pompes pour circuler à l’intérieur du drone. Cette circulation met ses nageoires en mouvement. Le drone peut nager jusqu’à 36 heures d’affilée sans changement de son liquide et avancer à une vitesse de 3 km/h.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ CORNELL

Des ingénieurs de l’Université Cornell ont mis au point le premier robot sous-marin hydraulique se servant d’un liquide interne pour générer de l’énergie et se propulser.

Imiter les seiches

Des ingénieurs chinois ont présenté en mai à Montréal à la Conférence internationale de robotique et d’automatisation (ICRA) un robot imitant le mouvement des seiches, qui emmagasinent de l’eau puis se propulsent en l’expulsant. Mais le drone-seiche de l’Université de Beihang utilise ce jet pour voler sous la surface de l’eau ou au-dessus par petits sauts. Le jet n’est pas composé d’eau mais d’air comprimé stocké dans le drone. Selon les ingénieurs chinois, le robot peut parcourir 10 mètres sous l’eau à chaque jet d’air comprimé, et de 10 à 20 mètres quand il saute au-dessus de l’eau.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ CORNELL

Le drone-seiche de l’Université de Beihang

S’orienter comme les crevettes

Depuis un an, des chercheurs américains et australiens ont publié plusieurs articles sur un système de géolocalisation similaire au GPS qui fonctionnerait sous l’eau. Basée sur les yeux des crevettes-mantes, qui peuvent détecter les changements de polarisation de l’eau liés à la position du soleil, leur technologie a été présentée pour la première fois au printemps 2018 dans la revue Science Advances, puis raffinée dans plusieurs publications. Les chercheurs de l’Université du Queensland et de l’Université Washington de St. Louis pensent que la technologie pourrait être prête d’ici quelques années et éviter aux drones sous-marins de devoir faire surface de temps à autre pour situer géographiquement leurs échantillons.

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Gros plan sur les yeux d’une crevette-mante

Une équipe imbattable

Un aréopage de roboticiens sous-marins vient de remporter un prix prestigieux, le Shell Ocean Discovery X-Prize, avec un duo robotique composé d’un navire de surface contrôlé à distance par un pilote en chair et en os, qui transporte un sous-marin autonome capable d’atteindre des profondeurs de plus de 4 km. Sea-Kit et son sous-marin Hugin ont été mis au point par l’équipe General Bathymetric Chart of the Oceans (GEBCO) et ont une autonomie de 48 heures. L’épreuve finale du concours avait lieu ce printemps en Grèce. GEBCO a remporté le grand prix de 7 millions US.

PHOTO FOURNIE PAR SEA KIT

Sea-Kit et son sous-marin Hugin ont été mis au point par l’équipe General Bathymetric Chart of the Oceans (GEBCO) et ont une autonomie de 48 heures.