(Houston) « C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité » : avec cette phrase, prononcée il y a 50 ans jour pour jour, Neil Armstrong entrait dans l’histoire comme premier homme à avoir posé le pied sur la Lune, un moment commémoré samedi aux États-Unis et par la NASA.

A Houston, aux Texas, où était et se trouve encore le centre de communications de la NASA pour les vols habités, des milliers de passionnés ou nostalgiques de la conquête spatiale ont décompté les secondes avant ce premier pas, auquel les plus de cinquante ans ont peut-être assisté à l’époque en direct, sur un téléviseur noir et blanc, en pleine nuit.

Il était 2 h 56 en horaire GMT, le lundi 21 juillet 1969, soit 3 h 56 à l’époque en France. Ce matin-là, quantité d’Européens furent en retard au travail.

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Neil Armstrong le 21 juillet 1969

La deuxième phrase d’Armstrong est moins connue : « La surface est fine et poudreuse, je peux la soulever avec le pied… »

Une vingtaine de minutes plus tard, son coéquipier Buzz Aldrin descendait à son tour l’échelle du module lunaire. « Magnifique désolation », s’exclama-t-il.

Suivirent deux heures et demie de descriptions géologiques et scientifiques, de collecte d’échantillons et d’opérations scientifiques. Les deux astronautes prirent plus de 800 photographies, avant de rentrer dans le LEM.

« Apollo 11 est le seul événement du 20e siècle qui ait une chance d’être largement connu au 30e siècle », a déclaré le vice-président américain Mike Pence, lors d’un discours samedi au centre spatial Kennedy, en Floride, d’où était partie la mission.

Le 50e anniversaire a donné lieu à une myriade d’événements, de conférences et de célébrations aux États-Unis et à la NASA depuis des mois, au moment où l’agence spatiale tente de remobiliser le pays pour une reconquête lunaire.

Il a relancé le débat autour du projet actuel de la NASA de retour sur la Lune, le programme Artémis, que beaucoup d’experts, y compris à l’intérieur de l’agence, jugent irréaliste de réaliser d’ici la date-butoir fixée par le gouvernement de Donald Trump : 2024.

Mike Pence a répété cet objectif samedi : « L’Amérique retournera sur la Lune d’ici cinq ans, et le prochain homme et la première femme sur la Lune seront des astronautes américains ».

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Buzz Aldrin et son épouse Anca Faur à leur arrivée à la cérémonie de commémoration de l’événement.

La NASA critiquée

Buzz Aldrin et Michael Collins, le troisième homme d’Apollo 11 qui est resté en orbite autour de la Lune, se sont engouffrés dans le débat, profitant d’apparitions publiques pour critiquer la NASA et encourager Donald Trump, qui souffle le chaud et le froid sur l’agence spatiale. Armstrong est mort en 2012.

« Nous n’avons pas développé les fusées et vaisseaux de haute performance dont nous avons besoin », a lâché « Buzz », 89 ans, vendredi sur Fox News.

La veille, dans le bureau Ovale, ce fut un assaut en règle et en public contre le patron de la NASA, Jim Bridenstine.

Michael Collins a recommandé d’oublier la Lune et d’aller directement vers Mars, tandis que Buzz Aldrin a de nouveau prodigué des conseils techniques.

« Vous écouterez Buzz et les autres ? D’accord ? » a ordonné Donald Trump à Jim Bridenstine.  

Le président américain lui a dit récemment que le véritable objectif était de planter un drapeau sur Mars (la NASA prévoit d’y aller dans la décennie 2030, après s’être entraînée sur la Lune).

Promettre la Lune

« Mon administration s’est engagée à rétablir la domination et le leadership de notre pays dans l’espace pour les siècles à venir », a déclaré samedi le président dans un message.

Depuis Apollo, nombre de ses prédécesseurs ont annoncé une relance du programme spatial du pays.

Il y a trente ans exactement, au 20e anniversaire, George H. W. Bush promettait la création d’une base sur la Lune et l’envoi d’un vol habité vers Mars.

Le but ? « Rétablir la prééminence des États-Unis en tant que nation spatiale », déclarait-il.

Et en janvier 2004, le président George W. Bush, fixait l’objectif de « retourner sur la Lune d’ici 2020 ».  

Mais le fossé entre l’ambition affichée et la réalité budgétaire a toujours, jusqu’à présent, condamné ces projets.

L’avenir du programme Artémis dépendra donc du Congrès, qui vote les crédits de la NASA… et de l’élection présidentielle de novembre 2020.  

Si Donald Trump était battu dans les urnes, le prochain président devra décider où, dans le système solaire, les États-Unis se rendront.

Illustrant ce débat — qui existait également dans les années 1960 — Michelle Clark, en visite à Houston, pense qu’il faudrait « d’abord s’occuper des gens ici, avant d’aller sur la Lune ».