L’activité physique améliore le bien-être et soulage l’anxiété des aînés dont le cancer est soigné par chimiothérapie, assure une nouvelle étude américaine.

Les chercheurs de l’Université de Rochester rappellent que la plupart des nouveaux diagnostics de cancer surviennent chez des aînés de 60 ans et plus. Pourtant, peu d’études se seraient jusqu’à présent intéressées à l’impact que pouvait avoir l’activité physique sur leur anxiété et leur humeur.

« Les symptômes anxieux sont quelque chose qu’on observe beaucoup, pas nécessairement un diagnostic d’anxiété ou de dépression, mais une augmentation des symptômes anxieux et dépressifs qui peuvent être reliés au traitement, mais qui sont aussi reliés au diagnostic de cancer, a commenté Isabelle Doré, qui est stagiaire postdoctorale au Centre de recherche du CHUM. Ça suit très souvent le diagnostic et on l’observe beaucoup, et beaucoup chez les femmes. »

Les médicaments utilisés pour soigner l’anxiété et les troubles de l’humeur peuvent s’accompagner d’effets secondaires possiblement dangereux, et plusieurs sont potentiellement inappropriés pour les aînés. Il devient dès lors d’autant plus intéressant de trouver des méthodes alternatives pour soulager ces problèmes.

Les participants à cette étude d’une durée de six semaines avaient en moyenne 67 ans et près de 92 % d’entre eux étaient des femmes. Ils ont reçu un podomètre pour enregistrer leur nombre quotidien de pas, à compter du premier jour de chimiothérapie, puis ont été encouragés à augmenter leur nombre de pas de 5 à 20 % par semaine.

On leur a aussi fourni des élastiques d’entraînement avec lesquels ils ont effectué chaque jour dix exercices contre résistance obligatoires et quatre exercices optionnels. Ici aussi, ils ont été encouragés à augmenter l’intensité et le nombre de répétitions.

Les chercheurs ont constaté une amélioration de l’anxiété, de l’humeur et du bien-être social et émotionnel des sujets qui ont participé au programme d’exercices. Les bienfaits les plus marqués ont été vus chez ceux qui étaient les plus anxieux ou dont l’humeur et le bien-être étaient les pires au début de l’étude.

« Je pense que ça, c’est quelque chose qui est intéressant, et c’est vrai pour la population en général, a précisé Lise Gauvin, qui est professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Je pense que c’est une nuance qui est importante. »

Reste maintenant à convaincre ces patients que de se lever et de bouger, même s’ils n’en ont pas du tout envie, leur fera du bien.

« En regardant les statistiques sur le taux de pratique de l’activité physique, on voit que d’adopter un mode de vie actif c’est difficile pour tout le monde, a ajouté Mme Gauvin. C’est peut-être plus particulièrement difficile pour quelqu’un qui est en phase active de traitement pour un cancer. C’est un défi qui est au moins aussi grand, et peut-être même un peu plus., »

Les professionnels de la santé qui interviennent auprès de cette clientèle bien particulière sont toutefois de plus en plus sensibilisés aux bienfaits de l’activité physique.

« Il existe des recommandations cliniques qui ont été publiées par de grands organismes internationaux qui suggèrent de maintenir un niveau d’activité physique, quand on a un cancer, au même stade et au même niveau que la population en général, a dit Isabelle Doré. Les professionnels de la santé se sentent de plus en plus à l’aise de recommander à leurs patients de faire de l’exercice, que ce soit avant, pendant ou après les traitements. »

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le Journal of the American Geriatrics Society.