Cette semaine à Zagreb, en Croatie, se tient la 11e conférence internationale Extreme Value Analysis. Sous des apparences austères, il s’agit de travaux indispensables pour prédire les calamités climatiques comme les canicules, les ouragans, les inondations et autres « tempêtes du siècle ». Un chercheur de l’UQAM, Alexis Hannart, y présente demain ses travaux sur la prévision des inondations et des caprices de la nature.

Montréal, pôle mondial

Plusieurs institutions montréalaises planchent sur la simulation des extrêmes climatiques et la quantification de leur risque, selon M. Hannart, qui travaille avec le groupe Ouranos, spécialisé dans la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques. « On travaille sur ça dans différents départements de mathématiques, à Ouranos, à HEC, notamment. Ça fait de Montréal un pôle mondial sur le sujet. Nous posons donc la question à Zagreb : comment devons-nous approcher les changements dans la période de retour des extrêmes météorologiques comme les inondations, dans le contexte des changements climatiques ? Ce sont des mathématiques très complexes, mais il faut aussi poser les bonnes questions pour pouvoir aider les autorités publiques à faire leur planification d’aide d’urgence et d’aménagement du territoire. »

1 sur 10 000

Alexis Hannart donne l’exemple d’un barrage conçu pour résister à des crues survenant seulement une fois par période de 10 000 ans. « Sur le plan statistique, une fois en 10 000 ans ou 1 chance sur 10 000 dans la prochaine année, c’est la même chose si le climat est constant. Mais c’est aussi absurde, aucun ouvrage n’a une durée de vie prévue pour 10 000 ans. Et on ne veut pas qu’il ne dure qu’un an, même si les risques sont seulement de 1 sur 10 000. Pour les événements très rares, on n’a évidemment pas assez de données historiques. On a au mieux quelques centaines d’années. Alors, pour savoir les risques d’un événement qui survient tous les 10 000 ans, on extrapole. Ce sont ces extrapolations qui sont modifiées par les changements climatiques. »

Inondations

Les inondations du printemps ont fait couler beaucoup d’encre et ont permis aux climatologues de clarifier les changements attendus avec le réchauffement de la planète : moins de neige durant l’hiver et au sol à la fin de l’hiver (ce qui ne s’est pas produit l’hiver dernier, cela dit) ainsi qu’une augmentation des pluies du printemps. « La conjonction de ces deux effets sur l’intensité des crues est difficile à prédire, particulièrement dans différents milieux physiques, dit M. Hannart. Mais ce sont des recherches très importantes pour l’établissement des nouvelles cartes de zones inondables et pour la planification d’Hydro-Québec. »