Maintenir son niveau d’activité physique ou l’augmenter en milieu de vie, ou même plus tard, réduit le risque de mortalité, constate une vaste étude britannique publiée par The BMJ.

Un expert de l’Université d’Ottawa considère toutefois qu’il faut interpréter ces résultats avec prudence.

Les chercheurs de l’Université de Cambridge précisent que 46 % des décès attribués à la sédentarité pourraient être évités si la population participait chaque semaine à au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou élevée.

Il ne s’agit bien évidemment pas de la première étude à associer l’activité physique à une réduction du risque de décès, de maladie cardiovasculaire et de certains cancers. Cette fois, les chercheurs britanniques se sont plutôt intéressés à l’impact sur le risque de décès des fluctuations du niveau d’activité physique au fil du temps.

Ils ont épluché des données provenant de près de 15 000 participants à une vaste enquête européenne. Les sujets étaient âgés de 40 et 79 ans. Toutes les formes d’activité (ou d’inactivité) physique ont été considérées, qu’il s’agisse d’un emploi sédentaire ou qui requiert un effort physique, ou des activités physiques pratiquées lors des loisirs.

Les chercheurs ont recensé 3148 décès pendant la durée de leur étude, notamment 950 décès de causes cardiovasculaires et 1091 décès attribués au cancer.

Même en tenant compte de facteurs comme l’alimentation, les antécédents médicaux, la pression artérielle et le taux de cholestérol, des niveaux plus élevés d’activité physique et une augmentation de l’activité physique au fil du temps étaient associés à une réduction du risque de mortalité.

Résultats encourageants

Un sujet sédentaire au début de l’étude qui, au cours des cinq années suivantes, aurait accru son niveau d’activité physique pour atteindre les recommandations minimales aurait du coup réduit de 24 % son risque de décès toutes causes confondues, de 29 % son risque de mort cardiovasculaire et de 11 % son risque de décès dû à un cancer.

Les sujets sédentaires qui ont commencé à bouger ont réduit leur risque de décès toutes causes confondues davantage que les sédentaires qui sont restés assis. Les participants ayant ou n’ayant pas d’antécédents de cancer ou de maladie cardiovasculaire ont obtenu des résultats similaires.

Les sujets qui étaient déjà très actifs et qui s’activaient encore davantage au fil des ans remportent toutefois la palme, en réduisant de 42 % leur risque de mortalité.

Cette étude est « encourageante », a dit Yves Lajoie, de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, même s’il faut en interpréter les résultats avec une certaine prudence.

« Quand on utilise des bases de données comme ça au lieu de faire l’étude longitudinale, on risque parfois d’interpréter les données un peu trop fortement, a-t-il expliqué. Quand on regarde ces études-là qui ont utilisé des bases de données importantes, on peut toujours mettre un bémol sur les résultats. Il ne faut pas s’emballer trop vite. »

Cela étant dit, pas question de remettre en question les bienfaits de l’exercice physique pour la santé. M. Lajoie rappelle qu’au tournant du millénaire, on disait aux gens que l’activité physique ne rajouterait pas « des années à votre vie, mais de la vie à vos années ».

« Donc il y a déjà quelqu’un qui a dit que ce n’est pas parce que vous faites de l’exercice que vous allez vivre plus vieux, a-t-il ajouté. Il est fort probable que l’exercice pourrait rallonger la vie de certaines personnes. Mais de là à dire ou généraliser demain matin que l’exercice va rallonger la vie de tout le monde, je ne suis pas certain. »

Il souligne en terminant que même les auteurs de l’étude reconnaissent que leurs résultats ne peuvent pas nécessairement être généralisés à l’ensemble de la population.

« Oui, bravo, probablement, et j’espère en fait parce que je fais beaucoup d’exercice et j’espère qu’en plus d’ajouter de la vie à mes années, que je vais ajouter des années à ma vie. On espère qu’on ne fait pas tout ça pour rien », a dit M. Lajoie.