(Montréal) La vaccination massive contre le virus du papillome humain (VPH) est si efficace qu’il semble désormais possible d’envisager l’élimination du cancer du col de l’utérus d’ici quelques décennies, suggère une analyse réalisée par des chercheurs de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.

L’étude publiée mercredi dans The Lancet révèle notamment que la vaccination réduit considérablement la fréquence des infections et des lésions précancéreuses du col de l’utérus causées par ce virus.

« Notre étude inclut des données provenant de plus de 60 millions de personnes qui proviennent de la population générale de 14 pays, a expliqué la chercheuse Mélanie Drolet, la première auteure de l’étude. En réunissant toutes ces données, on montre que la vaccination contre les virus du papillome humain réduit drastiquement les infections qui sont causées par ces virus, ça réduit les condylomes ano-génitaux et aussi les lésions précancéreuses du col de l’utérus. »

Les maladies provoquées par le VPH comptent parmi les infections transmises sexuellement les plus courantes. Certaines formes du virus causent des condylomes (verrues) aux parties génitales ou à l’anus, alors que d’autres provoquent des lésions pouvant conduire aux cancers de la bouche, de la gorge, du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis et, surtout, du col de l’utérus.

Les chercheurs supervisés par le professeur Marc Brisson, de la Faculté de médecine de l’Université Laval, ont comparé la fréquence des infections à VPH, des condylomes et des lésions précancéreuses du col de l’utérus dans chacun de ces 14 pays avant et après l’implantation du programme.

Leurs analyses montrent que la fréquence des infections causées par le VPH a diminué de 83 % chez les filles de 13 à 19 ans et de 66 % chez les femmes de 20 à 24 ans. Du côté des condylomes, les baisses observées sont de 67 % chez les 15-19 ans, de 54 % chez les 20 à 24 ans et de 31 % chez les 25 à 29 ans. Quant aux lésions précancéreuses du col de l’utérus, la diminution est de 51 % chez 15 à 19 ans et de 31 % chez les 20 à 24 ans.

« Notre étude montre qu’en vaccinant plusieurs groupes d’âge différents de filles au début, on a des réductions plus rapides et plus importantes dans les différentes conditions liées au VPH », a dit Mme Drolet.

Immunité de groupe

Par effet d’immunité de groupe, la vaccination des jeunes filles a eu des retombées positives chez les jeunes hommes. Ainsi, la fréquence des condylomes a diminué de 48 % chez les hommes de 15 à 19 ans et de 32 % chez ceux de 20 à 24 ans.

L’efficacité de la vaccination est telle qu’on peut maintenant envisager l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique d’ici quelques décennies.

En octobre dernier, d’ailleurs, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé a lancé un appel à un effort global afin d’éliminer le cancer du col de l’utérus grâce entre autres à la vaccination et au dépistage, a dit Mme Demers.

« Pour développer un cancer du col de l’utérus, on peut parler de plusieurs dizaines d’années entre le moment où on est infecté et le moment où on va développer le cancer, a-t-elle ajouté. Donc, jusqu’à maintenant, ce n’est pas possible de voir dans la population des réductions dans les cancers du col de l’utérus puisque ça ne fait pas assez longtemps qu’on vaccine, et les jeunes filles qui ont été vaccinées ne sont pas encore assez vieilles pour développer le cancer du col de l’utérus.

“Mais ce qu’on montre, ce sont des premiers signes que la vaccination va fonctionner pour réduire le cancer du col de l’utérus puisque d’une part la cause du cancer et les lésions précancéreuses sont prévenues dans la population générale. »

Au Canada, le cancer du col de l’utérus touche 1 femme sur 150 et le taux de mortalité sur cinq ans est d’environ 25 %.