(Longueuil) L’astronaute David Saint-Jacques a eu droit à une fête nationale bien différente des autres Québécois cette année. Après avoir passé 204 jours à bord de la Station spatiale internationale, il est rentré sur Terre dans une capsule Soyouz, à 22 h 47 (heure de l’Est) lundi soir.

À l’Agence spatiale canadienne à Longueuil, une salle bondée d’employés et de membres de la famille de David Saint-Jacques a chaudement applaudi l’atterrissage réussi.

Les astronautes Robert Thirsk et Jeremy Hansen ont animé la soirée en décrivant chacune des étapes du voyage de retour de l’équipage formé de David Saint-Jacques, l’astronaute américaine Anne McClain et le cosmonaute russe Oleg Kononenko.

Le trio amorcé son voyage de retour à 19 h 24 (heure de l’Est). La capsule s’est posée comme prévu au sud de la ville de Zhezkazgan, en plein cœur du Kazakhstan.

Des équipes de récupération déployées sur place ont accueilli l’équipage. Des médecins ont notamment examiné les trois voyageurs pour s’assurer de leur bon état de santé.

Oleg Kononenko est sorti le premier de la capsule, à 23 h 04, suivi par Anne McClain à 23 h 08 et David Saint-Jacques à 23 h 12.

Le vol de retour comporte évidemment des risques, notamment au moment de la rentrée dans l’atmosphère terrestre. Heureusement, l’opération s’est déroulée sans problème.

L’astronaute Robert Thirsk, qui a déjà vécu un atterrissage dans une capsule Soyouz, décrit le détachement de la station comme une opération délicate.

« La mise à feu de l’engin et l’orientation de la capsule lors de la mise à feu sont critiques, alors l’équipage devait certainement se concentrer sur la procédure », mentionne-t-il.

Un autre moment crucial s’est produit sur le coup de 21 h 50, alors que la capsule a remis les gaz pour décrocher de l’orbite terrestre et amorcer sa chute vers la surface de la Terre.

Selon son expérience, la descente s’avère ensuite une rude épreuve physique.

« En descendant, la force de gravité est forte. C’est comme s’il y avait quatre personnes assises sur votre poitrine. C’est difficile d’inspirer, mais il faut se concentrer pour s’assurer de bien respirer pour ne pas se trouver mal », explique l’astronaute canadien.

« Quand le parachute s’ouvre, il y a un grand mouvement de pendule, de gauche à droite, et l’atterrissage est un écrasement comme un accident de voiture », poursuit-il.

Malgré la violence du choc, il y aurait bien peu de risques de blessures, d’après Bob Thirsk, puisque les sièges sont conçus pour protéger l’équipage.

Longue journée

La journée de David Saint-Jacques et de ses compagnons de voyage a commencé tôt lundi. Quelques heures avant de faire ses adieux à ses collègues à bord de la Station spatiale, le Québécois a transmis deux photographies prises de l’espace de la Colombie-Britannique et de la région du Nunavik, dans le nord du Québec, en écrivant que la vue des paysages canadiens grandioses lui manquerait.

En fin d’après-midi, l’équipage a dû accomplir plusieurs tâches afin d’être prêt à partir. David Saint-Jacques et ses collègues ont dû enfiler la combinaison spéciale conçue pour les déplacements entre la Terre et la station spatiale. Ces combinaisons permettent notamment de contrôler la pression et de fournir de l’oxygène en cas de besoin.

Les portes de la capsule ont été verrouillées à 16 h 15. Dans une diffusion en direct sur l’internet, on a pu voir David Saint-Jaques et Anne McClain refermer la porte de la capsule derrière eux.

Une fois à bord de la capsule, le trio a dû dépressuriser le vestibule, soit l’espace entre la porte de la capsule Soyouz et celle de la station spatiale. Ensuite, l’équipage a procédé à plusieurs vérifications pour s’assurer que tout était en ordre pour le voyage du retour.

Ce sont des ressorts qui poussent initialement la capsule Soyouz à l’écart de la station spatiale. Une légère poussée qui éloigne la capsule à une vitesse d’une dizaine de centimètres à la seconde.

Par la suite, l’équipage a pu mettre les moteurs en marche et propulser la capsule en direction de la Terre.

Au cours de la descente, la capsule se libère de plusieurs sections et seule la partie où se trouvent les astronautes va atteindre la Terre.

L’équipage devait atteindre une vitesse de pointe de plus de 27 000 kilomètres par heure avant l’ouverture d’un premier parachute pour ralentir la chute, puis d’un deuxième qui permet de stabiliser l’atterrissage.

Une mission record

Dimanche, la Station spatiale internationale a été le théâtre d’une cérémonie de passation du commandement entre le commandant sortant, Oleg Kononenko, et le nouveau commandant, Alexeï Ovtchinine.

Trois astronautes demeurent à bord de la station spatiale, soit le commandant russe Alexeï Ovtchinine, ainsi que les Américains Nick Hague et Christina Koch. Trois autres collègues doivent les rejoindre dans un mois.

En demeurant dans l’espace pendant 204 jours, David Saint-Jacques, qui est âgé de 49 ans, a établi un record parmi les astronautes canadiens ayant été en orbite de la Terre.

« Ma mission avait duré 188 jours, alors David est maintenant le Canadien qui a passé le plus de temps dans l’espace. Mais l’important, c’est de continuer d’explorer l’espace et de repousser les frontières de la recherche », a commenté Robert Thirsk.

« J’espère que le prochain Canadien à aller dans l’espace sera le nouveau recordman ! », a-t-il ajouté.

La semaine dernière, lors de sa dernière conférence de presse livrée de l’espace, l’ingénieur, astrophysicien, médecin et père de trois enfants a dit qu’il avait hâte de revoir sa famille.

Gilles Leclerc, directeur général de l’exploration spatiale à l’Agence spatiale canadienne, rappelle que les défis physiques sont nombreux au moment du retour sur Terre. David Saint-Jacques devra se familiariser de nouveau à l’atmosphère terrestre après avoir vécu dans l’apesanteur depuis son décollage de la Terre, le 3 décembre.

David Saint-Jacques devrait s’adresser aux médias vendredi à Houston, au Texas. Il reviendra au Canada à la mi-juillet.

La mission de David Saint-Jacques en chiffres

204 jours dans la station spatiale 3264 orbites autour de la Terre 1 sortie dans l’espace