Un demi-siècle après Apollo 11, l’homme est sur le point de retourner sur la Lune. D’ici dix ans, une station spatiale habitable devrait être en orbite autour de la Lune.

Ce projet annoncé en 2017 faisait saliver les spécialistes des vols spatiaux habités à la dernière réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), à la mi-février à Washington.

La station lunaire Gateway, formellement annoncée en 2017 et financée -à hauteur de 500 millions$US- depuis l’an dernier par la Nasa, devrait être rapidement construite. « On parle de seulement trois ou quatre modules », explique Craig Kundrot, directeur de la recherche sur la vie dans l’espace à la Nasa, lors d’une conférence de presse à la réunion de l’AAAS. « Ils ne seront au départ habités qu’un mois par année. Le programme Apollo n’a pas permis d’étudier les effets des radiations solaires pendant plus de quelques jours. Si on veut aller vers Mars, ce qui est l’objectif d’une base orbitale lunaire ou sur la Lune elle-même, il va falloir y aller graduellement. On veut aussi tester le concept de l’exploration de notre système solaire (Deep Space), qui prévoit que les vaisseaux au long cours seront assemblés à Gateway ou son successeur, en orbite lunaire. Le type de vaisseau, au niveau de la structure et de la propulsion, est très différent selon qu’on veut quitter la gravité terrestre ou voyager entre les planètes. »

À titre de comparaison, la station spatiale internationale, qui est trois fois plus grande, a coûté 150 milliards$US à construire.

Le troisième bras

Le premier bras canadien a connu son baptême du feu en 1981 sur la navette Columbia. Le deuxième en 2001 sur la station spatiale internationale. Si tout va bien, la troisième version commencera sa carrière en 2026 sur la station lunaire Gateway. Envisagé pour la première fois en 2012, le Canadarm3 aura un budget de 2,05 milliards sur 24 ans. Le premier bras canadien a coûté 100 millions$ en développement entre 1974 et 1981. Un deuxième bras de 1,9m s’attachera au Canadarm3, qui fera 8,5m. Ce petit bras pourra entrer dans la station Gateway pour des manipulations quand il n’y aura pas d’équipage. Il s’appuiera sur des poignées adaptées.

Pour le moment, les conséquences de l’apesanteur sur le corps humain semblent réversibles, selon Christopher Mason, de l’Université Cornell, qui a supervisé l’expérience comparant les jumeaux Mark et Scott Kelly, ce dernier ayant passé un an sur la Station spatiale internationale (SSI). « On a vu des impacts génétiques, mais pour le moment rien d’inquiétant », a expliqué M. Mason à la même conférence de presse. Mais la SSI est protégée des particules radioactives du soleil par le champ magnétique terrestre. « Les astronautes du programme Apollo n’ont pas non plus eu de problèmes, mais on parle de seulement quelques jours. Alors il sera important de voir ce qui se passe sur la station Gateway. Une mission vers Mars durerait trois ans. »

Pour détecter les problèmes le plus rapidement possible, la Nasa a chargé un biologiste français, Sylvain Costes, de mettre au point une base de données couvrant les centaines d’expériences avec des êtres vivants menées sur la SSI et la navette spatiale, GeneLab. « Avec GeneLab, on va pouvoir maximiser notre compréhension des impacts génétiques associés aux symptômes qu’on observe chez les astronautes. »