L'astronaute québécois David Saint-Jacques va effectuer sa première sortie hors de la station spatiale, lundi, dans le cadre de la mission « U. S. EVA 54 » qui doit durer 6 h 30.

L'acronyme EVA signifie « activité extravéhiculaire », soit une sortie des astronautes dans l'espace. Cette fois, la tâche a été confiée à l'Américaine Anne McClain et au Québécois David Saint-Jacques.

Le duo devra accomplir plusieurs tâches au cours de son escapade spatiale, dont une manipulation visant à permettre le remplacement d'un accumulateur d'énergie qui ferait défaut. Cette opération n'était pas prévue, mais a dû être ajoutée en raison de la défectuosité d'une unité de recharge des batteries (une pièce identifiée par l'acronyme « BCDU »).

Plus concrètement, les deux astronautes devront retirer un adaptateur conçu pour une batterie au lithium afin de libérer l'espace pour qu'un bras robotisé vienne y déposer une batterie de nickel-hydrogène.

« C'est la première fois qu'on a un BCDU défectueux, alors on va tenter de rapporter la pièce sur Terre à bord de la prochaine capsule Dragon de SpaceX pour comprendre le problème », a expliqué le directeur des opérations de la Station spatiale internationale pour la NASA, Kenneth Todd.

Pour la tâche suivante, David Saint-Jacques et Anne McClain se déplaceront à bâbord pour retirer un panneau protecteur et installer un nouveau câble Ethernet qui disposera de huit connexions visant à fournir un service internet sans fil à de futures sections de la station spatiale.

Une fois cette tâche accomplie, Anne McClain devra se diriger vers une autre section de la station pour retirer un panneau où se trouvent des câbles d'alimentation en énergie. Le duo installera alors un système de redondance fournissant une deuxième voie d'alimentation électrique.

En cas d'une éventuelle panne de courant, cet équipement permettrait d'utiliser le « bras canadien » pour effectuer la réparation plutôt que d'avoir à organiser une sortie extravéhiculaire.

« Il y a toujours des risques associés à des sorties dans l'espace et si l'on peut réduire le nombre d'événements où l'on expose l'équipage à ces risques, c'est un avantage pour le programme », a expliqué le directeur des opérations extravéhiculaires à la NASA, Rick Henfling.

Contrairement aux autres sorties effectuées récemment, la mission impliquant David Saint-Jacques comporte de nombreux déplacements autour de la station. La NASA explique avoir voulu rassembler de nombreuses petites tâches à accomplir en une seule longue sortie.

« On n'aura pas vraiment l'occasion de retourner à ces endroits dans nos prochaines sorties alors qu'on se prépare aussi à mener plusieurs expériences scientifiques. On a préféré rassembler toutes ces petites opérations plutôt que devoir effectuer plusieurs courtes sorties », résume M. Henfling.

Controverse des combinaisons

En conférence de presse, la NASA est revenue sur la controverse impliquant le manque de combinaisons de taille moyenne qui empêche actuellement les deux astronautes Anne McClain et Christina Koch d'effectuer ensemble la première sortie entièrement féminine de l'histoire de l'exploration spatiale.

La station spatiale compte une combinaison de taille moyenne à bord, deux de grande taille et une de très grande taille.

On retrouve également une pièce de taille moyenne pour la partie de l'abdomen qui permet d'assembler une deuxième combinaison à partir de pièces détachées. Cette opération nécessite toutefois beaucoup de temps et une grande minutie.

Puisque de plus en plus de femmes astronautes risquent de former les futurs équipages, la NASA pourrait avoir à assembler de nouvelles combinaisons, mais elle n'a pas encore entrepris de démarches en ce sens.

« On n'a pas prévu de fabriquer de nouvelles combinaisons. Si on se retrouve dans la situation où on a besoin de deux combinaisons de taille moyenne, on va devoir faire le travail en orbite », a déclaré Kenneth Todd.

« Si, dans l'avenir, selon la composition de nos équipages, on a besoin d'avoir plus de combinaisons de tailles différentes, on va se mettre au travail », a-t-il ajouté.

C'est à la suite d'une demande d'Anne McClain que la NASA a annulé la sortie entièrement féminine prévue le 29 mars dernier, a expliqué M. Todd. L'astronaute américaine a offert de se retirer afin d'éviter de perdre trop de temps puisque trois sorties consécutives étaient prévues et que l'équipage devait ensuite accueillir deux capsules spatiales.

« On a reçu une demande d'Anne et on a dû prendre une décision. On devait réfléchir sérieusement à la question. On essaie toujours d'être en avance pour conserver une marge de manoeuvre dans le temps. On ne sait jamais ce qui peut se produire lors d'une sortie, alors on a accepté sa suggestion », a décrit le directeur des opérations de la station spatiale.