(Montréal) Les rivières glaciaires du nord du Canada sont des puits de CO2, ont découvert des chercheurs de l’Université de l’Alberta, qui préviennent toutefois qu’il ne faut pas trop compter sur elles pour atténuer les changements climatiques.

L’étude a porté sur le bassin hydrographique du lac Hazen, dans le parc national Quttinirpaaq, sur l’île d’Ellesmere, au Nunavut.

Les chercheurs ont constaté que les rivières glaciaires ont la particularité unique d’être en mesure d’absorber du dioxyde de carbone.

« Dans les régions plus tempérées où il n’y a pas de glaciers, on voit d’habitude que les rivières sont des sources de carbone dans l’atmosphère, a expliqué la chercheuse Kyra St. Pierre. Cette différence résulte du fait que les processus biologiques dans les autres rivières sont des processus qui contrôlent davantage les concentrations de dioxyde de carbone, c’est-à-dire la photosynthèse et la respiration. »

Mais dans les régions où on retrouve des glaciers, a précisé Mme St. Pierre, les conditions sont peu propices à la vie et aux processus biologiques. Ce sont aussi des paysages où on retrouve peu de plantes et de grandes quantités de sédiments finement broyés qui sont créés par l’avance et la retraite naturelle des glaciers.

« Cela fait en sorte que ces rivières contiennent de grandes quantités de sédiments et c’est là qu’on voit des réactions qui consomment le dioxyde de carbone, donc c’est assez différent quand même des conditions qu’on voit dans les autres rivières », a dit la chercheuse.

Il ne faudrait toutefois pas se réjouir trop vite et penser que ces rivières vont absorber suffisamment de CO2 pour avoir un impact sur les changements climatiques.

« Il est important de souligner que ce que nous avons identifié, c’est un puits de carbone à court terme. Les glaciers comme tels sont des ressources limitées, donc une fois que les glaciers disparaissent, le puits aussi est perdu à jamais, a prévenu Mme St. Pierre. Donc c’est peut-être une bonne nouvelle à court terme, mais ce n’est pas un puits qui va nous sauver. »

Comme ces rivières sont alimentées par la fonte des glaciers, et comme la fonte des glaciers compte parmi les conséquences les plus visibles et les plus inquiétantes du réchauffement planétaire, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que ces rivières ne s’assèchent une fois pour toutes.

« On commence déjà à voir ça dans certaines régions du pays, a dit Mme St. Pierre. Un bon exemple est une rivière glaciaire qui a disparu au Yukon. »

Elle s’inquiète maintenant de voir les rivières glaciaires disparaître avant que les scientifiques n’aient eu la chance de percer tous leurs mystères et de comprendre tous les bénéfices que nous en retirons.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.