(Montréal) Une vie sexuelle active est associée à une incapacité moins importante, à une meilleure qualité de vie et à une progression de la maladie plus lente chez les hommes qui présentent les premiers symptômes de la maladie de Parkinson, selon une nouvelle étude.

L’étude portait sur 355 sujets (228 hommes et 117 femmes) souffrant de la maladie de Parkinson. Parmi les hommes qui étaient actifs sexuellement, les chercheurs ont constaté des taux plus faibles d’apathie, de dépression et de problèmes de mémoire ou d’attention, ainsi qu’une fatigue moins importante.

Aucune association du genre n’a été mesurée chez les femmes, possiblement parce que l’étude comptait moins de participantes que de participants.

Des chercheurs européens affirment dans le European Journal of Neurology qu’il s’agit de la « première étude prospective longitudinale » à constater une telle association. Ils estiment que cela devrait inciter les spécialistes à interroger périodiquement leurs patients au sujet de leur vie sexuelle.

« On pourrait se dire voilà, c’est une ’preuve’ que si on [promeut] les activités sexuelles régulières on va diminuer la maladie de Parkinson, mais ce n’est pas ça que l’étude démontre, a commenté le professeur Louis-Éric Trudeau, du département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal. Ce qu’on peut en tirer pour l’instant, c’est que parmi les patients qui ont une forme de maladie de Parkinson moins forte, qui ont des symptômes moins importants, ces gens-là ont globalement une activité sexuelle plus régulière, donc ce sont des gens qui ont un meilleur état de santé. »

D’autant plus, rappelle-t-il, que les participants à cette étude qui avaient une activité sexuelle plus régulière avaient également un niveau de médication pour la maladie de Parkinson plus bas, « ce qui nous indique aussi qu’ils sont dans un état de maladie moins sévère ».

Il faudrait donc voir le tout par l’autre bout de la lunette : les sujets ne doivent pas nécessairement leur meilleure santé à leur activité sexuelle ; ils doivent possiblement leur activité sexuelle à leur meilleure santé.

À moins que…

« On ne peut pas exclure que ces gens-là depuis le début ce sont des gens qui ont une activité sexuelle plus régulière et que ça les a protégés dès le début, et là finalement ils ont une maladie de Parkinson qui est moins sévère, a rappelé M. Trudeau. Ça aussi, c’est possible techniquement, mais cette étude ne permet pas de le dire. »

Une telle possibilité s’insérerait bien dans la littérature générale qui montre qu’une activité physique régulière aide à minimiser les symptômes de la maladie de Parkinson ; et dans l’activité physique, on peut inclure l’activité sexuelle, poursuit-il.

« Mais évidemment, ce qui a été démontré dans l’amélioration des symptômes de la maladie de Parkinson, ça prend une activité physique très vigoureuse et qu’on fait très régulièrement pour des durées quand même substantielles, a-t-il conclu. Un petit dix ou quinze minutes ici et là, ce n’est pas suffisant. »