« Demain, je vais capturer un dragon dans l’espace avec un robot. Puis je vais l’ouvrir et en extraire 1,2 million de graines de tomates. » Voilà ce que pourra dire David Saint-Jacques à ses trois enfants, dimanche, à la veille d’une opération cruciale prévue pour lundi à bord de la Station spatiale internationale – et il ne s’agira même pas de bobards. Le point sur ces manœuvres cosmiques chorégraphiées au quart de tour dont l’astronaute québécois sera le chef d’orchestre.

Le Dragon

Dragon en question est un vaisseau cargo construit par l’entreprise SpaceX. Hier, il a craché du feu et décollé du cap Canaveral, en Floride, à destination de la Station spatiale internationale. D’abord prévu pour le 26 avril, le décollage a été reporté à quelques reprises pour toutes sortes de motifs, dont un pépin mécanique touchant le système d’alimentation de la station. Les ravitaillements de la Station spatiale par des vaisseaux cargos sont des opérations cruciales et délicates qui font l’objet de beaucoup de planification.

> Visionnez la vidéo du lancement du vaisseau cargo de SpaceX.

L’astronaute

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE DAVID SAINT-JACQUES

L'astronaute David Saint-Jacques, à bord de la Station spatiale internationale.

Après avoir fait plusieurs tours autour de la Terre, le vaisseau Dragon synchronisera son orbite avec celle de la Station spatiale internationale. Demain, vers 7 h du matin, il devrait se trouver à environ 500 m de la station, volant à ses côtés à 28 000 km/h, comme elle. C’est à ce moment que David Saint-Jacques tentera d’attraper le vaisseau avec le fameux Bras canadien. L’astronaute québécois avait participé à une capture d’un vaisseau cargo il y a deux semaines en compagnie de sa collègue américaine Anne McClain, mais c’est la première fois qu’il sera directement aux commandes. Il sera assisté de son collègue américain Nick Hague. « Agripper un vaisseau cargo est un moment où l’astronaute se retrouve le seul responsable de ses actions, avait déjà confié David Saint-Jacques lors d’un entraînement dans les installations de la NASA, à Houston. Le centre de contrôle aide à approcher la capsule. Mais à un moment donné, c’est toi qui dois t’aligner et l’attraper. »

> Regardent en direct, demain, la capture du vaisseau cargo.

Le robot

Pendant toutes les manœuvres, l’instrument de travail de David Saint-Jacques sera le Canardam 2, la deuxième version du Bras canadien. Le bras robotisé avait d’abord été conçu pour construire la Station spatiale internationale, mais on a réalisé plus tard qu’il pourrait servir à attraper les vaisseaux cargos. Les astronautes passent une grande partie de leur entraînement au sol à s’exercer à ces captures. Demain, David Saint-Jacques devra prendre garde à ne pas laisser filer le cargo rempli de précieuses marchandises, tout en s’assurant qu’il ne se fracasse pas sur la station, ce qui pourrait avoir des conséquences très graves.

Les graines de tomates

En plus des divers équipements et victuailles qu’on trouve habituellement dans les vaisseaux ravitailleurs, la capsule Dragon acheminera cette fois des marchandises plus inusitées : 1,2 million de graines de tomates. Celles-ci sont envoyées dans l’espace dans le cadre d’un projet baptisé Tomatosphère. Après avoir séjourné en apesanteur pendant quatre semaines, les graines reviendront sur Terre à bord du même vaisseau Dragon, puis seront distribuées à 20 000 classes au Canada et aux États-Unis. Les élèves feront pousser ces tomates « spatiales » aux côtés de tomates ordinaires, sans savoir lesquelles sont lesquelles. Puis ils noteront leurs observations afin de décrire d’éventuels effets de l’espace sur les semences. Les enjeux entourant la culture de plantes dans l’espace sont cruciaux pour les futures missions de longue durée, comme celles envisagées vers Mars, alors qu’il sera impossible d’apporter toute la nourriture nécessaire à bord. Faire pousser des plantes permettrait de nourrir les astronautes tout en générant de l’oxygène et en éliminant du CO2.