Après avoir réussi une sortie dans l’espace la semaine dernière, David Saint-Jacques effectuera demain une autre manœuvre délicate pour la première fois de sa carrière : participer à la capture d’un vaisseau-cargo à l’aide du bras canadien. Si tout se déroule comme prévu, l’astronaute québécois pourra ensuite savourer quelques gâteries qui avaient été chargées à bord de sa prise… dont des biscuits à l’érable et un chili au bison inspiré d’une recette familiale. Coup d’œil sur les manœuvres.

Décollage réussi

Cinq, quatre, trois, deux, un… décollage. Hier, en début de soirée, un vaisseau-cargo Cygnus baptisé SS Roger Chaffee s’est envolé dans le fracas et la fumée de l’île Wallops, en Virginie. Fabriqué par l’entreprise Northrop Grumman et fixé à une fusée Antares, le vaisseau avait pour destination la Station spatiale internationale. À l’intérieur sont entassées pas moins de trois tonnes et demie de matériel destiné aux astronautes vivant dans la Station spatiale internationale.

Capture délicate

Le vaisseau-cargo fera plusieurs fois le tour de la Terre afin de synchroniser son orbite avec celle de la Station spatiale internationale. Les deux objets, qui fileront chacun à 28 000 km/h autour du globe, devraient se trouver à proximité l’un de l’autre vers 5 h 30 demain. C’est à ce moment que l’astronaute américaine Anne McClain et le Canadien David Saint-Jacques entreront en scène. Leur mission : attraper le vaisseau à l’aide du Canadarm 2, la deuxième version du fameux bras canadien. « Habituellement, la capture elle-même dure moins de cinq minutes. Mais ce sont des minutes critiques, et les astronautes passent beaucoup, beaucoup de temps en entraînement à s’y exercer », explique Danielle Cormier, contrôleuse de mission à l’Agence spatiale canadienne.

Comme une voiture téléguidée

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE DAVID SAINT-JACQUES

La mission du Canadien David Saint-Jacques et de l’Américaine Anne McClain : attraper le vaisseau à l’aide du Canadarm 2, la deuxième version du fameux bras canadien.

La capture du vaisseau est un véritable travail d’équipe. Demain, c’est Anne McClain qui sera aux commandes du bras canadien. David Saint-Jacques, lui, s’occupera du vaisseau-cargo. Comme un enfant contrôlant une voiture téléguidée, il enverra des commandes au véhicule-cargo afin de l’approcher en douceur de la Station. C’est aussi lui qui contrôlera les caméras et informera sa collègue en temps réel de la distance séparant le bras canadien du vaisseau. C’est la première fois de sa carrière que l’astronaute canadien effectuera ces tâches « pour vrai ». Une mauvaise manœuvre pourrait conduire à la perte du précieux vaisseau-cargo ou, pire, à ce qu’il se fracasse sur la Station spatiale internationale.

Entraînés à Saint-Hubert

« Il y a plus de risques qu’il y ait un problème du côté des systèmes que du côté des astronautes », dit toutefois la contrôleuse de mission Danielle Cormier. La spécialiste rappelle que les astronautes sont entraînés à réagir à toute éventualité et que jamais une capture de vaisseau-cargo n’a échoué dans le passé. Soulignons que tous les astronautes qui participent à ces manœuvres, peu importe leur nationalité, doivent être entraînés sur des simulateurs au siège social de l’Agence spatiale canadienne de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal. Une autre capture de vaisseau-cargo est prévue à la fin d’avril. Et cette fois, David Saint-Jacques devrait être aux commandes du bras canadien.

Équipement scientifique

Après la capture, les astronautes se mettront à la tâche de déballer les cadeaux envoyés de la Terre. Parmi ceux-ci, on trouve notamment un bioalayseur, qui permettra aux astronautes d’analyser leur propre sang, leur urine ou leur salive sans devoir congeler les échantillons et les ramener sur Terre. Ces mesures s’inscrivent dans les nombreuses expériences destinées à documenter les effets de l’espace sur la santé. Des maillots intelligents, fabriqués par l’entreprise en démarrage montréalaise Hexoskin, sont aussi à bord, ainsi que de l’équipement nécessaire à une expérience visant à évaluer la santé cardiovasculaire des astronautes.

Petites douceurs

Des équipements scientifiques, c’est bien, mais le vaisseau-cargo contient aussi des gâteries et des surprises pour les astronautes. David Saint-Jacques a déjà parlé du plaisir de manger des fruits frais arrivés de cette façon, une denrée rare dans la Station spatiale internationale. Cette fois, de petites douceurs ont aussi été glissées dans le chargement. David Saint-Jacques pourra notamment déguster les fameux « biscuits feuilles d’érable », ainsi que du saumon fumé et du risotto aux champignons et au fromage. Des portions de chili au bison, un plat qu’on dit « inspiré de la recette préférée de la famille Saint-Jacques », ont aussi fait le voyage de la Terre jusqu’à l’espace.