Des chercheurs de l'Université McGill et de l'École polytechnique ont mis au point un lecteur optique qui permet de détecter des quantités infimes de cellules cancéreuses dans le cerveau. Leur découverte pourrait être utilisée en chirurgie oncologique afin d'éviter le risque de rechute pour les patients qui souffrent de ce type de cancer, dont le pronostic est particulièrement sombre.

«Il y a très souvent des cellules cancéreuses à l'extérieur des tumeurs dans le cerveau », explique le Dr Kevin Petrecca, chirurgien à McGill et l'un des coauteurs de l'étude publiée aujourd'hui dans la revue Science Translational Medicine. « Le chirurgien ne peut pas les voir quand il enlève une tumeur. Jusqu'à maintenant, il n'y avait pas de manière de détecter ces équivalents des métastases. C'est ce qui explique le taux de survie particulièrement bas de ces cancers.»

Plus des deux tiers des cas sont de « grade 4 », le plus sévère. Moins de 15 % des patients qui ont un cancer du cerveau de grade 4 survivent plus de cinq ans. À titre de comparaison, moins de 5 % des cas de cancer du sein sont au stade le plus grave, et le taux de survie sur cinq ans est alors de 22 %.

Les chercheurs ont basé leur étude sur une vingtaine de patients et ont des résultats préliminaires qui les confirment sur une vingtaine d'autres. Ils parvenaient à détecter des cellules cancéreuses à un seuil relativement bas, quand elles représentaient entre 12 % et 18 % du nombre total de cellules. Et le taux de faux positifs, à moins de 10 %, est acceptable pour une utilisation chirurgicale.

Selon Frédéric Leblond, ingénieur physique à Polytechnique, le seuil de détection est déjà meilleur, parce que l'analyse des données a été raffinée depuis les premiers cas exposés dans l'étude. «Ça fait seulement deux ans qu'on travaille sur ce projet», précise M. Leblond.

Le Dr Petrecca et M. Leblond ont bon espoir de commencer bientôt une étude clinique qui mènera à une approbation rapide. «Le coût est très bas, et c'est une méthode qui n'ajoute pratiquement pas au caractère invasif d'une chirurgie», explique le Dr Petrecca.

La méthode utilise un phénomène optique, l'effet Raman, qui a été prédit et découvert dans les années 20 par des physiciens autrichien et indien, respectivement. «Jusqu'à maintenant, la technologie ne permettait pas d'analyser les données assez rapidement pour des applications biologiques cliniques, dit M. Leblond. Il fallait plusieurs minutes pour arriver à un résultat. Nous pouvons maintenant avoir des résultats en un cinquième de seconde, ce qui permet leur utilisation par le chirurgien en temps réel. Pour le moment, la manière la plus rapide de déterminer si une cellule est cancéreuse prend une heure et est beaucoup moins précise.» L'effet Raman, qui est de 10 à 100 millions trop petit pour être vu à l'oeil nu, est actuellement utilisé pour des analyses chimiques et de matériaux.

La façon dont cette technologie sera commercialisée n'a pas encore été déterminée